XIè Dimanche du temps ordinaire – 13 juin 2021
De quoi avons-nous besoin pour vivre et pour grandir ? De nourriture et de boisson. Il nous est nécessaire manger et boire, sans quoi nous dépérissons.
Prenons comme exemple de nourriture le pain. D’où vient le pain ? De chez le boulanger, soit, mais comment, à partir de quoi le boulanger fabrique-t-il le pain ? De la farine. Et de quelle façon obtient-on la farine ? A partir du blé dont les grains sont broyés.
Rappelez-vous ce que dit Jésus au commencement du passage d’Evangile qui vient d’être proclamé : on y parle d’un homme qui jette en terre de la semence ; et dans quel but ? Afin que des plantes puissent pousser, grandir et donner du fruit. Et ce sont ces plantes ou leurs fruits, que l’homme mange, qui nous servent de nourriture.
Mais, avez-vous jamais vu une plante en train de pousser, sa tige grandir et ses feuilles se développer tandis que vous la regardiez ? Non, bien sûr… C’est exactement ce que dit Jésus : « nuit et jour, que l’homme dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. »
La terre porte du fruit, sans hâte, sans bruit, cela se fait sans l’homme, sans nous donc, parce que, en définitive, ce développement est l’œuvre, le travail même de Dieu. Et en supposant que nous nous tenions en arrêt devant le blé en train de croître, nous ne verrions rien pousser. Car ce n’est pas en tirant sur les fanes de carottes que nous les ferions pousser plus vite.
Dieu, créateur du Ciel et de la Terre, est un admirable jardinier qui cultive un potager immense dans lequel il nous invite tous à vivre et à grandir. Nous sommes entrés dans ce splendide jardin au jour de notre baptême. Mais pour y demeurer, pour y vivre et y grandir, il faut que nous le voulions vraiment. Jésus parle ici de son Royaume, nous pourrions également dire : de son Règne. Le règne de Dieu, c’est la force d’amour de Dieu dans nos cœurs, c’est notre dialogue d’amitié avec Dieu, c’est notre entrée dans la vie de Dieu. Si nous lui laissons suffisamment de place, Dieu travaille en chacun de nous à réaliser des merveilles. Il suffit de le laisser faire, de ne pas contrarier sa tendresse à notre égard. Il faut que notre cœur soit une bonne terre, meuble, perméable et accueillante pour que la Parole de Dieu puisse germer en nous.
Car la semence répandue par Dieu dans son jardin, dans nos cœurs, c’est sa Parole. Dieu ne sème pas de blé dans son champ, mais il sème sa Parole. C’est cette Parole semée par Dieu en chacun de nous qui va grandir et nous faire grandir. Comment cette semence va-t-elle grandir ? Simplement à travers de tout petits gestes à répéter sans cesse, sans nous lasser, chaque jour: un sourire quand nous voudrions bouder, un service rendu quand nous voudrions qu’on nous laisse tranquille, un mot gentil quand nous avons envie de nous bagarrer à l’école ou à la maison. Et là où nous voyons qu’il n’y a pas d’amour, à notre tour semons de l’amour.
Mais où donc allons trouver-nous la force suffisante pour accomplir tout cela, car par nous-mêmes cela va être difficile ? C’est Jésus lui-même qui va nous donner l’aliment nécessaire à l’acquisition de cette force, de cette énergie. Déjà à notre baptême nous avons reçu la vie de Dieu. Ça aide ! Et cette vie a besoin d’être entretenue, développée.
Je crois que, chez vous, il y a des choses auxquelles vous tenez beaucoup parce que quelqu’un qui vous aime et que vous aimez vous les a données. Chaque fois que vous les regardez ou que vous y pensez c’est un peu de la présence de cette personne que vous sentez près de vous. Ces choses données ainsi s’appellent des cadeaux. Eh bien Jésus qui nous aime infiniment, et qui veut que nous vivions et que nous grandissions dans son amour, nous fait le plus beau cadeau que nous puissions imaginer, il nous communique sa propre vie en nous donnant son propre corps.
C’est cela qui se produit lorsqu’un chrétien communie au corps de Jésus. C’est toute la vie de Jésus qui vient nous habiter et nous nourrir, pour que progressivement, lentement, à la façon dont pousse une plante, Jésus nous fasse vivre et nous fasse grandir. Mais, sans doute vous allez vous dire : comment, moi, petit bonhomme et petite bonne femme, je suis désormais la demeure de Jésus, la maison de Dieu ! C’est extraordinaire, c’est incroyable !
Eh oui, c’est aussi extraordinaire que la petite graine de moutarde qui devient un grand arbre où de très nombreux oiseaux peuvent venir faire leur nid. Si Jésus est vraiment la personne à laquelle nous tenons le plus, qui est la plus importante pour nous, nous allons désormais connaître le vrai bonheur, la vraie joie en recevant en nous le plus beau cadeau qui soit : Dieu lui-même. Alors, dans notre cœur, écoutons le Seigneur nous dire : « Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi » (Lc 19, 1-10).