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L’église abbatiale
En 1706, on posa la première pierre de la nouvelle église, œuvre du P. Eustache Restout, prémontré, prieur de notre communauté. La construction demanda une dizaine d’années, puisqu’on dressa la croix qui surmonte la façade en 1717. La croisée du transept forme comme un immense et splendide ciborium abritant l’autel majeur.
Splendidement désigné comme centre de la religion chrétienne, le maître autel de Mondaye se situe juste sous la coupole, au point d’intersection de tous les axes de l’abbatiale : est-ouest, nord-sud, terre-ciel. Sur la coupole Dieu le Père glorifie son fils, le Christ présent dans le sacrement de l’Eucharistie. La chapelle de la Vierge s’ajoute à l’église sans en faire précisément partie. C’est un délicieux hors d’œuvre, où toutes les ressources du style classique du XVIIIe siècle sont déployées. Le retable en haut relief, représentant l’Assomption de la Vierge, est l’œuvre de Melchior Verly. On ne pouvait à Mondaye se payer ni le marbre, ni même probablement, la pierre.
On a eu recours à un matériau plus humble, mais assez en usage alors dans des cas semblable, la terre cuite. Si, obéissant au geste de la Vierge, tendu vers le ciel, on lève les yeux vers la coupole, de fraîches peintures offrent aux regards la Trinité même et toute la cour céleste se préparant à recevoir la Mère de Dieu. L’orgue de l’église abbatiale a été construit en 1741, par un facteur d’orgues du nom de Claude Parisot. Le monumental buffet d’orgue a été sculpté en chêne de Jupilles par l’artiste flamand Melchior Verly, sur un dessin du peintre Jean Restout, dont l’oncle est Eustache Restout. Le grand orgue est comme l’achèvement de cet ensemble religieux unique en France.
La bibliothèque
Si l’on suit la chronologie de la construction de l’abbaye, la bibliothèque est un lieu aménagé récemment puisque l’aile dans laquelle elle est logée date du XIXème siècle !
Un adage médiéval enseigne que : claustrum sine armentario, castrum sine armario, c’est-à-dire qu’un monastère sans bibliothèque est une forteresse sans armure.
Quelle belle image pour signifier que les religieux étudient tout au long de leur vie. Le fonds le plus important concerne les sciences religieuses : philosophie, théologie, exégèse (explication de la Bible), hagiographie (vie des saints) et histoire de l’Eglise.
La sacristie
La sacristie est essentielle à la vie de notre maison. Tiroirs et armoires recèlent de vêtements pour la liturgie : chasubles pour les prêtres, dalmatiques pour les diacres, chapes, étoles, et autres voiles.
Toutes les couleurs liturgiques sont présentes : le vert, le rouge, le blanc, le violet mais aussi le rose pour les deux dimanches de laetare et gaudete, jours de joie au milieu du carême et de l’avent. C’est aussi à la sacristie que sont rangés tous les objets nécessaires pour la célébration des offices et de la messe (calice, patène, burette, lavabo, bénitiers, lectionnaires, évangéliaires…).
Juste avant les célébrations, la communauté vient s’y habiller, elle termine toutes les processions par un salut de tous devant le grand Christ qui orne la paroi sud.
Le cloître
C’est en 1738 que la première aile du cloître est achevée, mais l’histoire de l’abbaye est ainsi faite que les bâtiments claustraux ne sont pas terminés – et par définition le cloître – cela en raison des différentes expulsions.
Toujours est-il que les immenses verrières à grisailles laissent pénétrer une belle lumière, notamment les soirs d’été, donnant à la pierre une couleur de miel. Le cloître dessert les pièces traditionnelles de la vie conventuelle : la salle capitulaire, la cuisine, le réfectoire, la salle de communauté. Il est le lieu d’une marche paisible en silence. L’usure et le polissage des pierres qui forment le sol nous disent avec douceur le lent passage du temps et des frères, au bas des portes les seuils sont creusés par les pas des allers et venues.
En soi le cloître est bien plus qu’un corridor purement fonctionnel. Il est un lieu d’habitation, de passage spirituel. Le cœur de l’homme est fait à son image : captant les lumières extérieures, desservant les demeures intérieures, les chambres de la mémoire intime. Il y a en tout homme un cloître.
La salle du chapitre
La salle du chapitre est le lieu où les frères se réunissent régulièrement pour délibérer des sujets de la vie spirituelle et matérielle de la communauté. Les grandes décisions telles que l’élection d’un nouvel abbé, la réception d’un novice ou la fondation d’un nouveau prieuré y sont prises, mais toute sorte d’autre question concernant le bon et heureux fonctionnement communautaire et administratif est discutée.
La salle capitulaire de Mondaye est ornée par un ensemble de fresques exceptionnel, réalisé dans les années 1930 par un chanoine de l’abbaye, le père Maurice Frébourg, disciple de Maurice Denis.
Le réfectoire
Pour prendre leur repas ensemble, les frères de Mondaye se retrouvent dans le beau réfectoire de l’abbaye. Les tables sont alignées le long des murs, et les chanoines se placent côte-à-côte de manière à n’avoir aucun vis à vis entre eux et à être tous tournés vers l’intérieur de la pièce.
Les chanoines de Mondaye se servent mutuellement et prennent leur repas en silence. Quand s’il s’agit d’un jour de fête ou du dimanche l’abbé peut lever l’interdiction de parler en disant : « Benedicamus Domino ! » ce à quoi les frères répondent : « Deo gratias ! ».
Le pré Saint-Norbert
Ce joli pré, en clôture, situé à l’est des bâtiments conventuels, est un lieu de promenade et de récréation affectionné par les chanoines, qui aiment y deviser l’été, à la fraicheur de l’ombre d’hêtres centenaires.
Combien d’éclats de rire ont résonné dans ce pré, signes de l’amour mutuel que se portent les frères ! Au fond du pré, une statue de notre Père S. Norbert trône face aux cellules des frères qui logent dans l’aile est. Notre saint fondateur veille sur ses fils, et leur rappelle le charisme de l’ordre de Prémontré, contemplatif et apostolique.
La ferme abbatiale et le parvis
Les bâtiments de l’ancienne ferme de l’abbaye s’étendent à l’ouest de l’abbaye et délimitent un grand carré cintré autour de l’abbatiale et des bâtiments conventuels. Ce vaste ensemble est ponctué par une poterne. Celle-ci, avec son toit particulièrement gracieux, se situe dans l’axe de l’église abbatiale et offrait une belle entrée dans l’enceinte de l’abbaye jusqu’à la Révolution.
L’extérieur de l’abbatiale est marqué par sa belle tour octogonale et par sa noble façade. Cette dernière reproduit la formule, italienne d’origine, des églises dites de style jésuite : deux ordres de colonnes superposés couronnés d’un fronton.
Le grand escalier
Lorsque l’on quitte l’église abbatiale, par exemple à la fin d’une messe pour se rendre à la sacristie, la communauté passe par une immense porte – percée dans le transept sud – sur laquelle a été joliment calligraphié en lettres romanes : « CLOTVRE ». Les frères pénètrent alors dans leurs bâtiments conventuels et notre premier regard est attiré par cet escalier monumental.
Grand Escalier à double volée qui mène vers le dormitorium et la bibliothèque, avec sa rampe de fer forgé. Son classicisme très sobre prélude à ce que nous trouverons dans la suite de la construction : un sommet de l’art monastique français.
Dans notre vocabulaire, on parle de l’escalier des matines que les frères empruntaient chaque matin pour se rendre à l’église à une heure où le jour n’avait pas encore pointé son aurore, mais où déjà la communauté chantait les louanges de Dieu.