Écrit par f. Maximilien

Solennité de saint Joseph – 19 mars 2022

Comment le Christ notre Sauveur fut-il engendré ? A priori, vous me répondrez peu ou prou qu’il fut engendré par l’action de l’Esprit Saint qui couvrit la Vierge Marie de son ombre. Cette réponse est juste. Seulement, elle ne me semble pas suffisante, au regard de la Bonne Nouvelle annoncée par l’évangéliste Matthieu. Écoutez bien comme saint Matthieu répond à la question : « Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint ». Matthieu annonce bien la conception virginale du Christ : « avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint ». Mais il prend soin de préciser auparavant que Marie avait été accordée en mariage à Joseph. Par cette précision, l’évangéliste ne fait pas que planter le décor. Il explique comment fut engendré le Christ. Pour le dire autrement, la précision « Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph » est un des éléments qui dit la Bonne Nouvelle de l’Incarnation. Pour son incarnation, il fallait que le Fils de Dieu fût reçu par une mère et un père. La place de Joseph, aussi discrète soit-elle dans l’Évangile, n’en est pas moins nécessaire à l’Incarnation.

Et quelle est la place que doit tenir Joseph ? La visite de l’ange durant le songe l’annonce. Par sa voix, Joseph reçoit sa mission propre. Mieux : il découvre sa vocation personnelle. Il doit prendre chez lui Marie et l’enfant qu’elle porte. Joseph devient gardien et protecteur de l’Enfant et sa mère. Joseph, gardien et protecteur de la Sainte Famille : telle est sa vocation propre. Dans l’histoire de l’humanité, il n’y eut jamais qu’un seul homme qui reçut cette vocation-là. Et ce fut Joseph. Il est le protecteur de la Sainte Famille ; il est le gardien du mystère de l’Incarnation. Non pas un gardien qui recèle, qui cache, qui enferme. Mais un gardien qui sert, qui protège un trésor, pour que celui-ci soit donné au monde. L’Église reconnaît cette mission de serviteur fidèle et de gardien comme étant celle de saint Joseph. Nous le redisons sans cesse tout au long de cette eucharistie : « Dieu tout-puissant, à l’aube des temps nouveaux, tu as confié au bienheureux Joseph la garde des mystères du salut » (collecte) ; « le bienheureux Joseph qui s’est consacré tout entier à servir ton Fils unique, né de la Vierge Marie » (prière sur les offrandes) ; « il fut le serviteur fidèle et prudent à qui tu confias la Sainte Famille ; il veilla comme un père sur ton Fils unique » (préface) ; « serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Seigneur » (antienne de communion). La vocation propre de Joseph est de servir et garder la Sainte Famille.

Saint Joseph est néanmoins un modèle pour nous. Certes, il est le seul homme, dans toute l’humanité, qui reçut cette vocation particulière. Mais l’Église, aujourd’hui, continue cette mission. C’était d’ailleurs notre prière au début de cette eucharistie : « Dieu tout-puissant, à l’aube des temps nouveaux, tu as confié au bienheureux Joseph la garde des mystères du salut ; accorde maintenant à ton Église, soutenue par sa prière, de veiller toujours sur leur achèvement. » Joseph reçut la mission de garder et de veiller sur l’Enfant-Dieu donné au monde. Aujourd’hui, l’Église continue cette mission et elle l’achève. L’Église ne cesse de donner au monde le Sauveur. Comment ? Par des parents chrétiens qui apprennent à leur enfant à prier ; par des pères de famille qui veillent sur les enfants que Dieu leur a confiés ; par des prêtres et des évêques qui paissent le troupeau du Peuple de Dieu ; par des catéchistes qui préparent au baptême les catéchumènes ; par des religieux qui cherchent à aimer leurs frères par amour de Dieu ; par les baptisés qui cherchent à mettre Dieu au cœur de leur vie et d’en témoigner autour d’eux… Joseph a reçu une vocation particulière, au service de l’Enfant-Dieu. À sa prière, confions-lui nos vocations propres. Qu’elles soient renouvelées, au service de Dieu et du monde entier.