Chanoines réguliers de Prémontré
25
Avr
S. Marc, évangéliste
Écrit par f. Maximilien

Solennité de la Sainte Trinité – 12 juin 2022

« Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles ».

Cette formule doxologique s’adresse au Père. Elle conclut chacune des prières eucharistiques. À cette acclamation de louange, vous répondez par un « Amen » qui témoigne de votre assentiment : cette grande prière eucharistique que les prêtres viennent d’adresser au Père, vous la faites vôtre. La prière d’action de grâce a été offert par les prêtres, pour vous et avec vous. Cette formule est trinitaire, et il me semble bon, en ce dimanche de la Sainte-Trinité, de la faire résonner. Ainsi, tout à l’heure, au sommet de l’action liturgique, votre « amen » sera plus dense, votre assentiment plus fort, votre conscience plus vive, votre prière plus fervente. Pour contempler la Trinité à l’œuvre dans l’eucharistie, je souhaite poser deux questions : qui offre à Dieu cette prière ? quels en sont les fruits ?

Qui offre à Dieu la prière ? Qui agit lors de la célébration de la messe ? Le Christ et le Peuple de Dieu. Écoutez bien ce que je viens de dire : la célébration de la messe est « action du Christ et du peuple de Dieu organisé hiérarchiquement[1] ». À chaque fois que l’Église est réunie pour célébrer – et cela est encore plus manifeste lorsqu’il s’agit de la célébration de la messe – le premier qui agit est le Christ lui-même. Il agit comme le premier de cordée, la tête du Corps, comme le Médiateur entre Dieu et les hommes. Il agit le premier car il est le seul Sauveur. Aussi, lorsque l’Église s’adresse au Père, elle le fait par le Christ, avec le Christ et dans le Christ : par le Christ qui est la tête du Corps qui est l’Église, avec le Christ qui est l’Époux à jamais uni à son épouse, dans le Christ qui est le Médiateur, le canal, entre Dieu et les hommes. Lorsque l’Église célèbre l’eucharistie, elle parle à Dieu par le Christ, avec le Christ et dans le Christ, « par lui, avec lui et en lui ». Il n’est pas anodin qu’une croix soit ainsi présente sur l’autel, comme point focal de nos regards et de nos attentions. Regardez cette croix ! Celle présente sur cet autel laisse passer la lumière. Regardez cette croix et rappelez-vous : notre prière aujourd’hui est offerte à Dieu par le Christ, avec le Christ et dans le Christ, par Celui qui est notre chef, notre époux, notre médiateur et notre sauveur. C’est par lui, avec lui et en lui que nous avons accès au Père et pouvons nous adresser à Lui.

Et quels sont les fruits de la célébration eucharistique ? Ils sont nombreux, évidemment. Je le résume en deux expressions complémentaires. Dans la célébration de la messe, d’une part, Dieu sanctifie le monde et, d’autre part, l’humanité adore son Dieu. Permettez-moi de le redire : l’eucharistie est « l’action par laquelle Dieu, dans le Christ, sanctifie le monde, et [le] culte que l’humanité offre au Père, en l’adorant dans l’Esprit Saint par le Christ Fils de Dieu[2] ». L’œuvre de l’Esprit est ici manifeste. Il n’est pas facile de mettre des mots sur son action. Alors permettez-moi d’utiliser une image qui, je l’espère, contribuera à éclairer son action dans nos célébrations. Envoyé par le Père et le Fils, l’Esprit Saint est une eau vive, qui irrigue, sanctifie les dons offerts et chacun de nous qui y communions ; Il est aussi une eau qui purifie, qui lave les yeux obscurcis et qui nous permet de reconnaître l’œuvre du Père et la présence du Fils ; Il est aussi une eau désaltérante qui donne la vie, qui met en marche, qui fait se tenir debout, vivants ceux qui communient au Père et au Fils ; Il est enfin une eau qui unit, comme celle qui permet à la farine de devenir une pâte à pain, une eau qui unit et qui fait de ceux qui croient au Père et au Fils des frères dans l’unité. Dans la liturgie, l’œuvre de l’Esprit est là, bien présente. C’est lui qui nous permet de dire à Dieu, sans honte, qu’il est notre Père ; c’est lui qui nous permet de reconnaître que le Fils s’est rendu présent par le pain et le vin ; c’est lui qui nous est donné par notre prière au Père et notre communion au Fils ; c’est lui qui est le ferment de notre unité fraternelle. C’est par lui que nous pouvons louer le Seigneur d’une seule voix et d’un seul cœur, adresser à Dieu cette prière de louange, ce juste culte rendu au Père : « à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire ».

Il est difficile de parler de la Sainte Trinité. Aussi difficile que vider un océan à l’aide d’un coquillage dans un trou creusé dans le sable ! C’est difficile. Alors, nous pourrions simplement nous taire et contempler ce mystère d’amour donné, reçu et source de vie ; nous pourrions aussi utiliser des mots compliqués et pourtant si utiles pour dire la simplicité de Dieu Trois et Un ; nous pourrions aussi chanter sa gloire et louer son œuvre de salut pour nous. C’est ce que nous faisons maintenant. L’auteur du livre des Proverbes nous fait entrer dans la contemplation silencieuse de Dieu ; le théologien nous fait prier une préface qui condense en peu de mots le mystère trinitaire. Et la prière eucharistique fait monter notre chant et notre louange à Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Elle nous fait expérimenter l’œuvre de la Trinité pour nous, pour le monde et la création entière. Dans quelques instants, chers frères et sœurs, à la doxologie chantée par les prêtres, répondez un « amen » franc et joyeux. Un « amen » qui veuille dire : « Oui, je crois au Dieu unique, au Père, au Fils et l’Esprit. Aux Trois qui n’en sont qu’un, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ». Amen.


[1] Présentation Générale du Missel Romain, n°16.

[2] Ibid.