Chanoines réguliers de Prémontré
7
Déc
S. Ambroise, évêque et docteur
Écrit par F. François-Marie

Solennité de la Présentation du Seigneur – 2 février 2022

La fête de la Présentation de Jésus au Temple est une nouvelle Visitation. Elle n’a plus lieu au cœur de l’intimité familiale, entre Marie et Elisabeth, dans la montagne de Judée, mais publiquement, entre le Christ enfant et le peuple des croyants, au Temple de Jérusalem. Nous sommes ce peuple, qui s’est avancé vers l’église, les cierges allumés à la main, signes de notre foi, à la rencontre du Seigneur.

Saurons-nous reconnaître le Christ dans notre vie pour l’accueillir aujourd’hui ? Deux figures nous sont offertes, Siméon et Anne. Leur attitude peut inspirer la nôtre aujourd’hui.

Siméon. On ne sait pas grand-chose de lui si ce n’est sa docilité à l’Esprit. Le contexte, c’est l’observance de la loi : saint Luc évoque la loi à trois reprises. L’histoire du salut a un cadre, il ne sort pas de nulle part. Mais ce cadre ne produit rien en lui-même. C’est l’Esprit qui met en mouvement le salut. Et saint Luc mentionne à trois reprises l’Esprit, qui agit en Siméon. Ainsi passe-t-on de la loi à l’Esprit, de l’ancienne alliance à la nouvelle, du vieillard à l’enfant. Poussé par l’Esprit, Siméon reconnaît le Messie et l’annonce.

Anne. Saint Luc ne nous fait pas connaître ce qu’elle dit, à la différence de Siméon, mais il nous la décrit plus en détail que Siméon. Elle est fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Phanuel veut dire « la face de Dieu ». C’est le nom que Jacob donne au lieu du combat contre l’ange : Penuel, car j’ai vu Dieu face à face et j’ai eu la vie sauve, dit Jacob. De même que Siméon dit « mes yeux ont vu le salut », Anne est fille de Phanuel, elle voit « la face de Dieu ». Elle est de la tribu d’Aser, la plus au nord d’Israël, le long de la mer, région de Tir et de Sidon, une région très fertile. A eux deux, Anne et Siméon recouvrent tout Israël : son cœur, Jérusalem, et son territoire le plus éloigné, aux portes du Liban.

Siméon fait penser à Jacob qui revoit son fils Joseph et dit : « après avoir revu ton visage, j’accepte de mourir, puisque tu es encore en vie ». Anne fait penser à une autre Anne, la femme de Tobit, qui salut le retour de son fils, ou à la mère de Samuel, exaucée elle aussi après sa longue plainte au temple de Silo.

Siméon et Anne ont reconnu le Christ. Qu’est-ce qui les y a aidés ?

En premier lieu, leur fidélité à la loi, aux commandements du Seigneur, à la prière et au jeûne, jour et nuit. Mais une fidélité qui est une profonde docilité à l’Esprit Saint, si bien que lorsque Celui-ci prend l’initiative de manifester la nouveauté de la venue du Messie, Siméon et Anne sont capables de se laisser conduire par l’Esprit, et de reconnaître cette nouveauté, de la proclamer.

En deuxième lieu, leur désir de voir Dieu, l’espérance qui les habite et oriente toute leur vie. Une vie tendue vers l’avènement du Seigneur, une vie toute imprégnée de la liturgie de l’Avent, en quelque sorte.

Et enfin, une profonde confiance. Leurs noms même l’évoquent : Siméon « Dieu a exaucé », Anne « faveur ou grâce ». Il n’y a pas de fidélité possible à la loi, dans la durée, ni d’espérance véritable en la venue du Seigneur qui dépasse toute satisfaction terrestre, sans avoir goûté la confiance que Dieu nous donne. Confiance en Dieu qui mène aussi à la confiance dans les autres. Siméon et Anne voient venir vers eux cet homme et cette femme, Joseph et Marie, et leur petit enfant, et ils reconnaissent avec confiance qu’ils présentent au Temple le Messie de Dieu ! Cette confiance vient de Dieu et se répand sur les hommes, comme dit saint Paul à Timothée : « je rends grâce à celui qui m’a donné la force, le Christ Jésus, notre Seigneur, et qui m’a fait assez confiance pour m’appeler à son service. »

Voilà peut-être pour nous aujourd’hui, fidèles de cette assemblée et religieux, frères de cette communauté, le chemin qui pourra nous rendre capable d’accueillir, de reconnaître et d’annoncer le Seigneur : la fidélité aux commandements de Dieu dans la docilité à l’Esprit, le désir de voir Dieu dans l’espérance qui oriente toute une vie et enfin une profonde confiance, en Dieu, et avec sa grâce les uns à l’égard des autres.

Prions donc le Seigneur, en cette eucharistie, pour que chacun de nous puisse accueillir celui qui vient nous visiter ! Amen !