Fête de la Transfiguration du Seigneur – 6 août 2022
Pierre… ô mon cher Pierre… Devant ma gloire transfigurée, tu t’exclames : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! ». Combien tu as raison, cher Pierre ! Dans les temps anciens, le prophète Isaïe n’avait pu voir ma gloire. Alors, il s’était écrié : « Vraiment, tu es un Dieu qui se cache, Dieu d’Israël Sauveur ». La révélation de ma divinité était encore à venir. Mais toi, Pierre, premier des apôtres, tu vois ma gloire révélée sur cette montagne. Et tu proclames : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! ». Pourtant, tes yeux tombaient de sommeil. Mais tu es resté éveillé et voulais que cette vision divine continuât toujours. « Maître, il est bon que nous soyons ici ! » Ce que tu dis là, sur la montagne, oseras-tu encore le dire lorsque je t’emmènerai avec moi au Jardin ? Là aussi, tes yeux tomberont de sommeil. Mais pourras-tu rester éveiller, contempler le don de ma vie pour le salut de l’humanité et dire, dans une prophétie mystérieuse : « Même dans le Jardin, Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! ». Mon visage ne sera pas resplendissant de blancheur éclatante ; il laissera couler de la sueur de sang. Et pourtant, en entrant librement dans ma Passion, c’est pour toi, Pierre, et pour tous les hommes, que je prierai.
Pierre… ô mon cher Pierre… devant ma gloire transfigurée, tu t’exclames : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! ». Et tu veux dresser trois tentes pour que la béatitude de cette vision dure toujours. Combien tu as raison : c’est auprès de moi, et de moi seul, qui suis choisi par le Père, que tu reçois la vie, le mouvement et l’être. Mais ce que tu dis là, sur le Mont Thabor, le voudras-tu encore lorsque je monterai au Mont Calvaire ? Seras-tu encore avec moi ? Je ne serai alors pas revêtu d’une lumineuse blancheur ; je serai donné aux hommes dans la nudité d’un corps blessé par les coups et transpercé par les clous. Et pourtant, c’est là que ma gloire divine exercera toute son œuvre de salut. Pour toi, pour les hommes, pour la création entière.
Pierre, Colonne de l’Église, devant ma gloire transfigurée, prends conscience de ce que tu dis lorsque tu t’exclames : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! ». Tu parles au nom de tous ceux qui, à travers les âges, porteront mon nom. Tu parles au nom des consacrés qui me donneront leur vie dans la stabilité de la vie religieuse. Chaque jour, avec leurs frères, ils devront répéter autour de mon autel : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! ». Tu parles au nom de tous les baptisés qui seront rassemblés autour de l’autel et de la croix glorieuse. En contemplant l’hostie immaculée, ils ne verront pas un Dieu qui se cache, moi, leur Dieu Sauveur ; ils me verront tel que je suis. Certes pas dans la lumineuse blancheur de la transfiguration, mais pourtant réellement révélé. Un Dieu donné, livré, partagé ; un Dieu qui se donne à voir et qui se laisse toucher et manger pour leur donner la vie, la vie divine, pour leur faire partager dès maintenant, et pour l’éternité, ma gloire, dans le Royaume de mon Père.