5 mars 2025 – Mercredi des Cendres
J’ai trouvé une petite note, écrite en latin, dans le calendrier liturgique de notre ordre de Prémontré, pour introduire ce nouveau temps liturgique qui commence. Je la trouve éclairante, je vous la lis (et je vous la traduis…)
Le temps du Carême est destiné à la préparation à la célébration de Pâques : la liturgie du Carême prépare en effet aussi bien les catéchumènes, à travers les différentes étapes de l’initiation chrétienne, que les fidèles, exhortés à se souvenir de leur Baptême et à faire pénitence, en vue de célébrer ensemble le mystère pascal.
A quoi cette note renvoie-t-elle explicitement le carême ? Au baptême.
Souvenons-nous de notre baptême. Qu’est-ce que le baptême ? J’en retiens trois éléments principaux :
Tout d’abord, le baptême est le sacrement premier et fondamental qui fait de nous des membres de l’Église, corps du Christ animé et sanctifié par l’Esprit Saint.
De plus, le baptême nous donne le moyen d’être renouvelé dans tout notre être, en étant unis à la mort et à la résurrection du Christ, de sorte que tous nos péchés soient détruits et que nous menions une vie nouvelle dans le Christ.
Enfin, il nous donne de participer à la vie même de la Sainte Trinité Père, Fils et Esprit Saint, à vivre de la vie de Dieu.
A présent, regardons dans cette lumière, dans cette perspective, la triple invitation du Christ dans l’Évangile : Quand tu fais l’aumône, quand tu pries, quand tu jeûnes
Quand tu fais l’aumône… que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite : c’est un appel à un don gratuit, sans attendre de quelle manière ce don portera du fruit, remettant au Père la fécondité de ce don, accompli dans le secret. N’est-ce pas ce que Jésus a fait lui-même, dans son sacrifice sur la Croix ? Il s’est anéanti pour nous, il s’est livré sans retour, il est le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. Et il a laissé au Père de disposer entièrement de lui : Père, en tes mains je remets mon esprit. Par le baptême, nous sommes unis à la mort et à la résurrection du Christ. Entrons nous aussi dans une véritable offrande de nous-même avec le Christ. Et nous savons qu’en retour, Dieu nous comblera au-delà de toute attente. Il mettra son amour dans notre cœur, il nous donnera sa joie.
Quand tu pries…retire-toi dans la pièce la plus retirée : depuis notre baptême, nous sommes devenus la demeure de la Trinité Sainte. Jésus lui-même nous l’a dit : si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon père l’aimera et nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure. Que ce temps du Carême soit vraiment un chemin d’intériorité pour entrer dans la vie divine qui brûle au fond de notre cœur. Souvent nous la percevons à peine. Avec un cœur d’enfant, tournons-nous avec confiance vers le Père des Miséricordes qui nous offre le pardon et désire nous faire partager son amour et sa vie.
Quand tu jeûnes… parfumes-toi la tête et lave-toi le visage : depuis notre baptême, nous sommes devenus membres de l’Église, membre du corps du Christ. Notre vie toute entière est appelée à répandre la bonne odeur du Christ, le parfum de sa charité. Le visage est par excellence cette partie de notre corps qui manifeste la relation aux autres par le regard, par le sourire, par l’attention, par l’écoute. Alors, que le jeûne rende notre visage plus disponible aux autres, moins égoïste, plus généreux, car il sera l’expression d’un cœur qui aime.
Tout au long de ce carême, faisons mémoire du sacrement du baptême. Par lui nous avons été unis au mystère de la mort et de la résurrection du Christ. Que notre aumône nous fasse participer à ce don. Par le baptême nous vivons de la vie même de Dieu Trinité. Que notre prière nous fasse entrer dans ce feu divin. Par le baptême, nous sommes devenus membre de l’Église, que notre jeûne ouvre nos cœurs à nos frères.
Ce chemin ne sera pas sans combat spirituel. La liturgie du baptême est marquée par la renonciation au mal et la profession de la foi de l’Église. Conversion à laquelle le rite des cendres va maintenant nous exhorter. Mais avant même d’aborder ce combat, la liturgie du baptême invoque tous les saints dans la litanie. C’est l’Église du ciel qui se réjouit déjà d’accueillir de nouveaux enfants. Au début de ce Carême, soyons confiants nous aussi. Et pourquoi ne choisirions-nous pas un saint ou une sainte, avec qui nous marcherons, durant ces 40 jours, jusqu’à la grande joie de Pâques. Amen !
Fr François-Marie
Mercredi des Cendres 2025