2 mars 2025 – VIIIè dimanche du temps ordinaire – année C
Comme souvent, aujourd’hui, la deuxième lecture, de Saint-Paul, est un peu difficile : « périssable », « impérissable », « mort », « pêché et Loi ». Que veut-il dire ? En fait, il annonce que dans le royaume de Dieu la mort, qui est un fruit du péché, sera totalement vaincu. C’est bien ce que le Christ est venu annoncer la venue du Royaume ou la vie donnée par Dieu en plénitude sera pour tous.
Saint-Paul invite les Corinthiens à être fermes, inébranlables, à participer activement à l’œuvre du Seigneur.
Et voici que l’évangile de ce jour peut nous éclairer sur la conduite à tenir. S’agit-il seulement de quatre principes de morale à observer ? comment ces propos du Christ s’inscrivent-ils justement dans sa proclamation du Royaume de Dieu qui est déjà là « près de vous » ?
Jésus présente quatre petites sentences qui paraissent former un ensemble hétéroclite :
- un disciple doit être bien formé pour éclairer les autres
- il faut faire son examen de conscience avant de juger son prochain
- de la qualité d’un homme dépend la qualité de ses actes on reconnaît un arbre assez fruit une expression passée dans le langage courant
- les paroles sont l’expression du cœur ; ces deux derniers jugements étaient déjà exprimés deux siècles avant Jésus par Ben Sira le sage, que nous avons entendus dans la première lecture
Pour aller au-delà de quelques règles morales du quotidien, il faut situer cet enseignement du Christ dans toute sa mission et sa prédication : nous en avons déjà lu une première partie ces derniers dimanche. Rappelez-vous :
dimanche dernier : l’amour des ennemis qui paraît incohérent et bien difficile à réaliser.
le dimanche précédent : les Béatitudes et en symétrie non pas les malédictions comme on l’entend parfois mais plutôt la consternation de Jésus puisqu’il dit « malheureux les riches » et non pas « maudits soient les riches ».
Et Jésus commençait ainsi « heureux vous les pauvres, le royaume de Dieu est à vous ». Jésus n’est pas venu pour nous donner des leçons de morales ou de sagesse, il est venu annoncer que le règne de Dieu est tout près de nous et qu’il est d’abord destiné à ceux qui lui sont accueillants et qui sont assez pauvres pour considérer que c’est une bonne nouvelle pour eux.
L’entrée dans le Royaume suppose d’écouter la Parole de Dieu et de la mettre en pratique. C’est pourquoi le disciple n’est pas plus grand que le maître et qu’il doit bien se former pour éclairer les autres. Si on a bien reçu cette Parole, alors on pourra se convertir (c’était la deuxième sentence). Se jauger avant de juger son voisin c’est à ce prix comportera de bons fruits (troisième sentence) et que nos actes correspondront à nos paroles (quatrième sentence).
En résumé ce que le Christ attend de ses disciples, c’est qu’ils soient fidèles à sa parole, à son propre témoignage. Le Christ, lui, est cohérent avec ce qu’il annonce : le royaume de Dieu qui est d’abord ouvert aux petits et aux pauvres, ainsi qu’à ceux qui veulent se convertir.
Jésus est tellement fidèle à ce Royaume qu’il engage toute sa vie pour lui.
Malgré les nombreuses paraboles, le royaume de Dieu reste une réalité qui nous paraît confuse ; elle se révèle pleinement quand Jésus sera mis en croix et couronné comme « Roi des Juifs ». Parce qu’il s’est abaissé jusqu’à donner sa vie pour le Royaume, il ouvre alors pour nous ce Royaume qui est le lieu de la vie éternelle, là où l’injustice est abolie, là où l’oppression est écrasée, là où la mort est vaincue.
C’est ce que disait saint Paul. Pour le Royaume, ça vaut le coup de tenir ferme dans cette fidélité des disciples, ça vaut le coup de prendre une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur en faveur du Royaume, ça vaut le coup d’être inébranlable dans l’écoute et la mise en pratique de la parole du Seigneur. Vraiment le royaume de Dieu est déjà là, tout près de nous puisque le Christ mort pour le Royaume est ressuscité et qu’il est là présent avec nous, présent dans sa parole qui éclaire notre quotidien, qui fait de nous ses disciples. C’est là l’œuvre du Seigneur.