Chanoines réguliers de Prémontré
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Oct
S. François d'Assise
Écrit par F. Éric

4 décembre 2022 – 2ème dimanche de l’Avent

Voilà une semaine que l’avent est commencé ! et alors ? que se passe-t-il ? Noël parait encore loin et nous ne sommes pas encore dans la frénésie des préparatifs pour les fêtes de fin d’année. Avec l’évangile de ce dimanche, on peut se dire : « chic, on a quelque chose à faire avant Noël : préparer les chemins du Seigneur et rendre droits ses sentiers »

On entend bien cet appel à la conversion qui vient de Jean Baptiste. Alors ? Qu’est-ce qu’on peut faire ? On peut s’armer de pelles et de pioches ou dans une version plus moderne de bulldozers et de tractopelles. Mais on voit bien que c’est une image. Alors que faire ?

Je crois qu’il y a méprise sur de grands chantiers à entreprendre parce que, entre les mille choses que nous avons à faire, en rajouter risque bien de nous faire oublier la personne que nous voulons accueillir : comme s’il allait obligatoirement passer par les sentiers qu’on lui aurait préparés. Justement celui que nous attendons est toujours différent et plus que ce qu’on imagine.

D’ailleurs vous aurez remarqué que dans la prophétie d’Isaïe que l’évangéliste Matthieu applique à Jean Baptiste il y a quelque chose qui ne va pas : le chemin du Seigneur, ce devrait être vers Jérusalem, la ville où Dieu réside, dans le Temple : c’est la maison du Seigneur. En parlant de désert, c’est déjà une surprise ! Et justement, Dieu adore nous faire des surprises. Le désert c’est le lieu de la rencontre mystérieuse avec Dieu, lieu d’aridité aussi !

Nous préparer à Noël (parce que c’est de ça qu’il s’agit avec la préparation des chemins du Seigneur) c’est nous préparer à recevoir une surprise parce que Celui qui doit venir, ce n’est pas une réapparition de Jésus qui est né dans la crèche. A Noël, nous n’allons pas faire comme si la naissance de Jésus se passait aujourd’hui. Celui qui vient dans nos vies, c’est le Christ ressuscité, celui que les Apôtres ont eu du mal à reconnaître au soir de Pâques et dans les semaines qui ont suivi. C’est celui qui, selon Jean Baptiste apportera un baptême dans l’Esprit Saint et le feu : voilà bien une énigme, une nouveauté, de l’inconnu, pour ceux qui venaient recevoir le baptême dans le Jourdain.

Celui que nous attendons s’est manifesté aux hommes comme Sauveur des hommes, par ses paroles et par ses actes (on les connaît par les évangiles) mais ce sont d’autres paroles et d’autres actes par lesquels il se révèle à moi. Des paroles et des actes. Il est celui qui veut parler à mon cœur et qui agit en moi, parfois même à mon insu.

Est-ce celui-ci que tu veux accueillir ? Celui qui bondit à travers les montagnes parce qu’il a la joie de te rencontrer, celui qui connaît l’allégresse du messager qui porte une bonne nouvelle, celui dont le cœur est léger parce qu’il est plein d’amour, celui que nous décrit le Cantique des cantiques et qui recherche sa bien-aimée.

Alors, il ne s’agit plus de préparer les chemins du Seigneur en s’agitant et en comblant les ravins, mais plutôt de prendre l’attitude du guetteur. C’est vrai qu’il y a moins à faire mais c’est sans doute plus exigeant de veiller.

Justement, il n’a rien à faire, le guetteur, tellement rien à faire qu’il pourrait s’endormir. Il doit être attentif aux signes que montrerait un éventuel ennemi, il doit rester en alerte au moindre bruit et c’est cela qui le décentre de lui-même. Il est aux aguets, complètement tourné vers ce qui l’entoure et non plus vers lui-même. Et il se rend disponible à l’inattendu de celui qui vient.

Voilà ce qui doit s’opérer en nous pendant nos veilles de l’avent.

Comme le guetteur espère l’aurore (le moment où il aura mené à bien sa mission) nous espérons le jour de Dieu, le jour où Dieu se manifestera dans nos cœurs.

Oui, l’avent est un temps d’espérance puisqu’on ne sait pas ce que sera l’aurore ; on ne sait pas quelle surprise nous réserve le Seigneur quand il viendra dans nos vies. Espérer c’est être prêts à accueillir l’inattendu, et le désirer. Celui qui n’espère pas, à l’inverse, cherche à se cramponner à ce qui existe et qui ne peut que passer. Il essaye de maintenir un état de fait. C’est peut-être là, la conversion à opérer, la conversion que prêchait Jean Baptiste dans son désert.

De belles aurores nous sont promises par le Seigneur ; le prophète Isaïe le laissait entrevoir dans un monde où règnera la paix. Ce monde idyllique, ce peut être aussi notre monde intérieur : … le loup habitera avec l’agneau, … le léopard se couchera près du chevreau, … il n’y aura plus ni mal, ni corruption.

Prenons le temps de veiller pendant cet avent, choisissons d’accueillir le Seigneur qui vient comme notre Sauveur et comme nous l’avons prié dans la première oraison : « Ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils mais forme-nous à la sagesse d’en-haut ».