Chanoines réguliers de Prémontré
25
Avr
S. Marc, évangéliste
Écrit par f. Maximilien

27 novembre 2022 – 1er dimanche de l’Avent

Lorsqu’on commence une randonnée, les premiers moments sont décisifs. Le pas encore léger, le sourire marquant la joie du voyage annoncé, les mains prêtes à servir son compagnon de voyage ou à serrer celle de l’inconnu rencontré sur la route, la tête et le cœur d’ores et déjà orientés vers la destination désirée. Lorsqu’un pèlerinage débute, le pèlerin est tout entier tourné, orienté, attiré vers le lieu de son repos, vers le but de son voyage.

Aujourd’hui débute un voyage. Ou, plutôt, aujourd’hui, l’entrée en Avent nous rappelle que nous sommes en pèlerinage, que notre vie est tout entière tournée, orientée, attirée vers le lieu de son repos, vers le but de son voyage. Ce pèlerinage, c’est celui de notre vie chrétienne ; la destination, c’est le Christ en gloire, la Jérusalem céleste, le Paradis de Dieu, la vision de Dieu face à face pour l’éternité, la charité parfaite au ciel et sur la terre. Le but de notre Avent, de notre année liturgique, de notre Église, de notre vie chrétienne, c’est le Christ, et Lui seul. La liturgie de ce jour nous rappelle la nécessité d’être pèlerins. Elle nous remet en route ! Regardez comment la liturgie de la Parole de ce dimanche nous fait progresser sur le chemin de la Vie éternelle.

Le point de départ de notre route est exprimé par la prière, que j’ai prononcée en votre nom tout à l’heure : « Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant, la volonté d’aller par les chemins de la justice à la rencontre de celui qui vient, le Christ ». Notre vie chrétienne est un pèlerinage. Nous partons sur les chemins. Et cette route a un but : aller à la rencontre du Christ. Un Christ qui ne nous attend pas, impassible et immobile. Mais un Christ qui vient à notre rencontre. C’est d’ailleurs Lui qui a fait, qui fait et qui fera la plus grande partie de la route. Il vient à notre rencontre, le Christ notre Sauveur. À nous d’esquisser quelques pas vers Lui. Mais, est-il nécessaire de se mettre en route ?

La première lecture, tirée du prophète Isaïe, nous exhorte à partir : « Venez, maison de Jacob ! Marchons à la lumière du Seigneur ! » Hors de question pour nous de rester immobiles. Le Seigneur vient, certes, comme il l’a promis. Mais ne soyons pas léthargiques. Que notre attente soit active ! Un chrétien qui se laisse vivre est déjà moribond. Un chrétien, un vrai, est un chrétien qui, sans cesse, cherche le Seigneur par l’approfondissement de sa vie spirituelle, par la pratique régulière des sacrements, par l’exercice concret de la charité, par la recherche d’une vie bonne, dans la fidélité à sa vocation. Notre chemin est donc un chemin à parcourir. Mais avec quelle assurance cheminer vers le Christ ?  

Le psaume 121 nous fait reprendre les mots du pèlerin qui monte vers Jérusalem, et qui, de loin, aperçoit les murs de la ville. Il ne peut pas s’empêcher de chanter. Et ce chant est un appel à la paix : « À cause de mes frères et de mes proches, je dirai : ‘‘paix sur toi !’’ ». Le chemin de notre vie chrétienne, tout aussi diligent qu’il soit, est un chemin de paix. La paix, qui est un don de Jésus, selon ses propres paroles : « je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». La paix est comme la lame de fond spirituelle sur laquelle bâtir notre pèlerinage. Une marche à parcourir, donc, et une marche où la paix est le moteur. Mais concrètement, quels sont les éléments de notre marche ?

Lorsqu’il écrit aux chrétiens de Rome, Paul les exhorte à une vie sainte et bonne : « Rejetons les œuvres des ténèbres ; conduisons-nous honnêtement ; revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ ». Voilà comment il faut parcourir le chemin de notre vie chrétienne : par la recherche d’une vie bonne, par des actions de sainteté. Que ces exhortations ne nous troublent pas ! Il s’agit bel et bien de vivre ce chemin dans la paix. Mais que notre charité paisible soit inventive. Chers frères et sœurs, quelles œuvres bonnes allez-vous vivre aujourd’hui, demain et les jours suivants ? Donc, notre chemin de vie chrétienne est un chemin qui nous pousse à sortir de nous-mêmes, dans la paix, et il sera un chemin de bonnes œuvres. Et comment parcourir ce chemin de pèlerinage ?

Si jamais vous prenez la route sans savoir où vous allez, alors vous errez, vous vagabonderez. Mais ce n’est pas le cas du chrétien : sa vie est tout orientée vers un but. Et quel but ! Le Christ lui-même ! Il est déjà venu pour nous sauver, et Il viendra à nouveau pour nous conduire au Paradis de Dieu. Il est de notre ressort de veiller, d’attendre et d’espérer. Notre pèlerinage de vie chrétienne a ce but-là : rester prêts, debout, éveillés, pour ne pas rater la destination. L’enseignement de Jésus, dans l’Évangile, nous le demande expressément : « Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient ». Notre pèlerinage est une manière de veiller, d’attendre et d’espérer. Le but de notre vie chrétienne, c’est le Christ !

Que la nourriture de l’eucharistie que nous allons recevoir maintenant ne nous affadisse pas. Au contraire, qu’elle refasse nos forces. Car la route est encore longue ! Mais cette route est une véritable aventure. C’est l’aventure d’une vie, c’est l’aventure avec le Christ qui est notre Vie. Alors, en route ! Vous avez rendez-vous avec le Seigneur qui vient… Bon pèlerinage d’Avent… et rendez-vous au Ciel !