Chanoines réguliers de Prémontré
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Jeudi Saint - Messe in Cena Domini
Écrit par f. Samuel

20 novembre 2022 – Christ-roi de l’univers

En septembre dernier, les médias ont tous parlé de la mort de la Reine Elizabeth d’Angleterre. Peu de journaux ce WE auront en revanche mentionné le dimanche du Christ-Roi ! Mais le fait est que nous le fêtons aujourd’hui. Curieux, n’est-ce-pas, dans un pays républicain qui perd ces racines chrétiennes ! Jésus ne se présente pas aux élections, normal, il n’en a pas besoin, puisque son Royaume n’est pas de ce monde. Pour autant il ne nous retire pas hors du monde, je crois au contraire qu’il vient nous aider à mieux naître dans ce monde ci, pour préparer celui qui vient.

D’où vient cette fête d’aujourd’hui ? Le fait de parler de Dieu comme étant notre roi n’est pas nouveau. La Bible utilise ce mot à bien des reprises. Mais pourquoi une telle fête ; avions-nous besoin d’insister sur ce point ? Oui, répond le Pape Pie XI en décembre 1925. Il voit deux raisons à cette nécessité : premièrement parce que les hommes ont « écarté Jésus-Christ et sa loi très sainte des habitudes de leur vie individuelle aussi bien que de leur vie familiale et de leur vie publique », et deuxièmement, parce que « jamais ne pourrait luire une ferme espérance de paix durable entre les peuples tant que les individus et les nations refuseraient de reconnaître et de proclamer la souveraineté de Notre Sauveur »[1]

Le chrétien, dit le pape Pie XI, doit apporter le Christ au monde, car sans lui, il ne peut y avoir de paix durable. Paix dans nos vies personnelles, familiales, et sociales.

En quoi reconnaître Jésus comme Roi peut-il conduire à la paix ? Eh bien, parce que ce Roi n’est comme aucun autre jusqu’ici. Je relève deux éléments.

D’abord, il n’est pas un chef qui soumet comme un despote, mais comme un ami qui dit à chacun, comme au larron crucifié à côté de lui : « tu es avec moi, aujourd’hui ». Et il n’est pas Roi pour lui-même, exerçant un pouvoir qui écrase ; Jésus est Roi pour communiquer sa sainteté à tous. Tout à l’heure vous m’entendrez chanter ces mots dans la préface : Quand toutes les créatures auront été soumises à son pouvoir, il remettra aux mains de ta souveraine puissance, le règne éternel et universel. Jésus ne garde pas jalousement sa royauté, il la communique, jusqu’au jour où tout être sur la terre comme au ciel, sera uni à Dieu. Et alors, il rendra à Dieu ce qui vient de lui.

Ce Roi pas comme les autres, possède une seconde particularité que je note. Jésus se comporte non comme les grands de ce monde, mais comme le plus petit ; comme le serviteur. Voilà le maître-mot : serviteur ! Vous connaissez probablement ce refrain de psaume « il est l’agneau et le pasteur ; il est le roi, le serviteur ». Dans le chapitre qui précède l’extrait d’évangile proclamé aujourd’hui, saint Luc rapporte cette parole de Jésus : « Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus petit, et celui qui gouverne, comme celui qui sert »[2]. A nous, maintenant, de faire advenir la paix universelle qui naît du service rendu. Cette paix que Jésus nous donne d’ailleurs lui-même, ainsi que nous le rappellerons. Cette paix que nous partagerons quelques instants avant de communier à son corps, devenant ainsi un seul corps.

Pour finir, revenons sur le fait qu’il y a bien aussi une dimension politique dans la fête du Christ-Roi. Nous avons le devoir de christianiser le monde, lui apporter le Christ, lui qui est la paix. Le Pape ne s’était pas trompé : notre monde a encore besoin de Dieu.

Ainsi s’exprimait le Saint-Père, à ce propos :

« 14. (…) Si les princes et les gouvernants …choisis étaient persuadés qu’ils commandent bien moins en leur propre nom qu’au nom et à la place du divin Roi, il est évident qu’ils useraient de leur autorité avec toute la vertu et la sagesse possibles. (…) 

15. Alors on verrait l’ordre et la tranquillité s’épanouir et se consolider; (…) [le citoyen] tout en reconnaissant dans …les … dignitaires de l’Etat des hommes comme les autres, ses égaux par la nature humaine, en les voyant même, pour une raison ou pour une autre, incapables ou indignes, le citoyen ne refuserait point pour autant de leur obéir quand il observerait qu’en leurs personnes s’offrent à lui l’image et l’autorité du Christ Dieu et Homme

Alors les peuples goûteraient les bienfaits de la concorde et de la paix »

Oui, je crois que notre monde a besoin que nous lui offrions ce Roi de paix. Maranatha, viens Seigneur Jésus.

Pour que ta volonté s’accomplisse, donnes-lui toujours cette paix et conduis-la vers l’unité parfaite, toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.


[1] Pie XI, Encyclique Quas primas, 11/12/1925

[2] Lc 22,26