23 mars 2025 – IIIè dimanche de Carême
Il y a 20 jours nous recevions des cendres sur la tête en entendant un vibrant appel à la conversion. Aujourd’hui, nous arrivons à la moitié de notre cheminement vers Pâques et la liturgie de ce jour nous fait à nouveau entendre un vibrant appel à la conversion : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ».
Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez ! Pour illustrer cette urgence, le Christ propose la parabole du figuier stérile. Voilà un figuier qui ne donne pas de fruit depuis 3 ans et qui, du fait de cette stérilité se voit menacer d’un coup de hache dans le tronc. Pour cet arbre, l’alternative est effectivement : la conversion (porter du fruit) ou la mort (le coup de hache). Toutefois, le vigneron ne l’entend pas ainsi et il propose une troisième alternative qui consiste à répandre du fumier au pied de cet arbre. Ce geste, qui n’a rien de très original pour un agriculteur, mérite tout de même d’être regardé de plus près. Il est intéressant de se demander ce qu’est ce fumier… Dans la Bible, le fumier porte rarement une connotation positive. C’est même probablement la seule fois qu’il a une valeur bénéfique. Ailleurs, il est au contraire le symbole du péché. Ce sont les corps des impies qui sont jetés et qui deviennent comme du fumier. Le fumier biblique est ce tas immonde et puant où pourrit le péché des hommes qui se rebellent contre Dieu. Or, c’est précisément en cela que le geste du vigneron de la parabole de ce jour est instructif ! Ce vigneron va chercher du fumier, du péché pour fertiliser un arbre et le sauver de la mort.
Jésus fait-il autre chose par sa mort sur la Croix et par sa résurrection ? Notre conversion n’est-elle pas justement d’offrir au Seigneur les lieux les plus sombres de notre cœur pour qu’il les transfigure et les convertisse en vie ? À Paray-Le-Monial, sainte Marguerite-Marie disait à Jésus qui lui apparaissait en vision : « Seigneur, je t’ai tout offert : mon cœur, mon amour, mes actions. Mais que puis-je encore te donner ? Il me semble que je n’ai rien de plus à offrir. » Jésus lui répond : « Ma fille, tu n’as pas encore tout donné. Tu n’as pas encore donné ce que je désire le plus : ta misère, tes faiblesses, tes imperfections. » Marguerite-Marie : « Seigneur, mais comment puis-je te donner ma misère ? Elle est si grande, si accablante. Je n’ai que des faiblesses et des défauts, et je n’ose même pas te les présenter. » Jésus : « C’est précisément cela que je veux. C’est ta misère que je cherche, car c’est en elle que je vais manifester ma miséricorde et mon amour infini. Je désire que tu me donnes toutes tes pauvretés, tous tes défauts, tout ce que tu considères comme ta faiblesse. Laisse-moi tout transformer en bénédiction. »
Chers amis, convertissons-nous ! Offrons à Dieu toute notre misère, sans retenu mais avec une confiance infinie. Il nous reste 20 jours pour nous jeter dans les bras du Père en lui offrant le fumier de notre cœur. N’y allons pas à reculons et dans la demi-mesure. Ayons le courage de voir la réalité de notre situation, comme Dieu l’a vu en Égypte pour son peuple : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel. » Et après cela, courons sans attendre au confessionnal pour déposer ce paquet infecte.
« De la poussière il relève le faible,
du fumier il retire le pauvre,
pour l’asseoir au rang des princes,
au rang des princes de son peuple. »
Ps 112, 7-8
Alors ? Le figuier portera-t-il du fruit ? L’Évangile laisse planer le doute, mais ce qui est sûr, c’est que ça ne sera pas sans fumier !