Chanoines réguliers de Prémontré
24
Avr
Conversion de notre Père saint Augustin
Écrit par F. François-Marie

2 février 2023 – Présentation du Seigneur au Temple

Notre liturgie, ce matin, emboîte le pas à la liturgie de ceux dont l’Evangile nous parle. Avec des cierges à la main, nous avons marché et nous sommes entrés dans l’église, à la rencontre de Celui qui est un nouveau-né aujourd’hui, mais qui, lorsqu’il deviendra adulte, dira un jour aux juifs, dans le Temple : « je suis la lumière du monde, qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie » (Jn 8, 12).

Et c’est poussé par l’Esprit, inspiré par lui, comme le signale saint Luc avec insistance, à trois reprises, que Siméon témoigne du Christ : « lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. » Remarquez l’universalité du salut offert dans le Christ : Israël et les nations sont concernés, c’est-à-dire le monde entier. « Je suis la lumière du monde ». Non pas seulement la lumière des juifs, ou des païens, ou des chrétiens, mais la lumière du monde, des peuples dans leur ensemble. Lumen Gentium, comme le grand texte du concile Vatican II sur le mystère de l’Eglise désigne le Christ. « Le Christ est la lumière des peuples ». Et nous autres, avec nos simples cierges, nous sommes entrés en procession dans cette église, et ce geste dit notre vocation et notre mission : « répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Eglise ». (LG 1). La vocation de l’Eglise est comme celle de la lune, qui reçoit sa lumière du soleil pour illuminer la nuit. L’Eglise reçoit sa lumière du Christ pour éclairer le monde qui ne croit pas ou qui ne connaît pas le Christ. Comment ? En apportant la lumière de la foi, de l’espérance et de la charité du Christ. Telle est notre vocation à tous, ce matin, une mission à la fois belle, immense et exigeante.

Dans le monde de l’Antiquité, le témoignage d’un seul n’a pas de valeur. Testis unus, testis nullus, le témoignage d’un seul ne vaut rien. En insistant à trois reprises sur le rôle de l’Esprit Saint, saint Luc dit qu’en fait, Siméon n’est pas seul, l’Esprit est avec lui pour attester la vérité de son témoignage. Mais il y a aussi la prophétesse Anne, qui à son tour témoigne de l’enfant à tous ceux qui attendent la délivrance de Jérusalem, le salut. Elle vient, par son témoignage, apporter crédit aux paroles mystérieuses de Siméon. Nous aussi, nous ne pouvons témoigner du Christ de manière uniquement solitaire et individuelle. Il nous faut être au moins deux ou trois. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ». Comme il nous est difficile, parfois, de consentir à travailler ensemble, les uns avec les autres. C’est un véritable défi, qui semble particulièrement éprouvant, mais si nécessaire. C’est deux par deux que Jésus envoie ses apôtres en mission. Autrement, on risque de s’annoncer soi-même, de se mettre soi-même au centre. Et c’est aussi ensemble, que Marie et Joseph se présentent au Temple et Siméon les bénit. Dans la vie familiale, le témoignage de foi des deux parents est particulièrement fécond auprès de leurs enfants.

Cette fête de la Présentation aujourd’hui est aussi la fête de la vie consacrée. Jésus nouveau-né est offert au Temple, consacré au Seigneur. Toute sa personne est prise par sa mission, au point qu’il s’identifie à sa mission, il n’a pas seulement une mission à accomplir, il est une mission, il est le Messie du Seigneur. Par notre baptême, nous avons tous été consacrés au Seigneur, nous lui appartenons, nous sommes chrétiens. Et dans l’Eglise, la vie consacrée manifeste cette appartenance au Seigneur par la vie tout entière. C’est une grande joie et une source de paix, de laisser le Seigneur nous unir à lui pour ce que nous sommes et pas seulement pour nos activités, nos réussites, nos perfections. Prenons le temps, aujourd’hui de laisser la lumière du Christ illuminer nos cœurs, et y faire régner sa paix, sa bonté, sa joie.