Chanoines réguliers de Prémontré
26
Avr
S. Ludolphe, évêque de notre Ordre
Écrit par F. Éric

15 janvier 2023 – 2è dimanche du T.O.

« Moi, j’ai vu et je rends témoignage, c’est lui, le Fils de Dieu ».

Il est facile de se représenter cette scène de l’Évangile ; qui n’aurait pas voulu être là, à la place de Jean Baptiste et reconnaître en Jésus, le Fils de Dieu ?

Il l’a vu ! 4 fois le verbe « voir » revient dans ce texte assez court. Saint-Jean aurait pu écrire « regarder », « remarquer », « observer », « poser son regard ». Pourquoi une telle répétition ? Quand on regarde le texte grec, on découvre que les mots sont choisis : 3 verbes différents.

Premièrement « voyant Jésus venir à lui » : c’est le mot « voir » au sens commun.

Puis « j’ai vu l’Esprit descendre sur lui » : c’est plutôt « contempler », « considérer », « examiner ». Ce n’est plus le regard physique ou matériel de la première citation.

Pour le 3ème  et le 4ème emploi, c’est le même verbe. « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer » et « moi j’ai vu et je rends témoignage ». On peut traduire par « voir » ou « observer » ou « remarquer » mais aussi au sens figuré « comprendre ». En français par exemple, on peut dire « j’ai vu où il voulait en venir » c’est-à-dire « j’ai compris ». Et il n’y a rien à voir.

Si on reprend :

d’abord, Jean-Baptiste a vu Jésus marcher et venir à lui.

Il a contemplé (il a considéré) l’Esprit Saint

et enfin il a compris que Jésus est Fils de Dieu parce qu’il a compris que ce qu’il avait contemplé était bien ce qui lui avait été annoncé.

Jean Baptiste fait une expérience spirituelle à travers ce qu’il voit ; il comprend la Parole de Dieu qui lui a été dite.

Alors on se dit que vraiment Jean Baptiste avait de la chance et qu’on voudrait avoir été à sa place mais, à y réfléchir, à nous aussi, des paroles de Dieu nous sont dites : « là ou deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » ; « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples » ; « ceci est mon corps », « ceci est mon sang ».

Il y a des choses à voir, des personnes à voir, des événements à voir, qui nous permettent de faire ce que fait Jean Baptiste : comprendre que le Christ est là et qu’il est le Fils de Dieu. Jésus continue de venir vers nous, comme il est venu vers Jean-Baptiste, par sa parole et ses sacrements.

Par sa parole : le « Temps ordinaire » est ce temps privilégié pour écouter la Parole de Dieu, à travers la lecture continue d’un Evangile, saint Matthieu cette année. Le troisième dimanche du Temps ordinaire est dédié à la Parole de Dieu selon le vœu du pape François : « un dimanche pour la célébration, la réflexion, la proclamation de la Parole de Dieu ». Ce n’est pas seulement au cours de la messe : nous n’entendrons pas plus de lectures qu’un autre dimanche. Le pape parle, non pas de la messe, mais du dimanche, d’un jour pour méditer, réfléchir, accueillir, approfondir, prier cette parole où le Christ est présent, comme nous l’a rappelé le Concile Vatican II. Quand, au début de la messe, le prêtre dit : «  Préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie » ce n’est pas seulement pour la liturgie eucharistique mais pour l’ensemble de la messe où la Parole de Dieu est proclamée.

Dieu nous parle aussi par les sacrements :

Ce sont des signes visibles de l’action du Christ, comme ont été visibles les actions de Jésus, il y a 2000 ans.

Oui, Jean Baptiste, parce qu’il a vu (contemplé) l’Esprit Saint, a vu c’est-à-dire compris que Jésus était Fils de Dieu. Nous-même qui avons reçu l’Esprit Saint au moins à notre baptême et à notre confirmation, nous pouvons voir, c’est-à-dire comprendre, réaliser, que la Parole de Dieu se manifeste à nous aujourd’hui et découvrir que le Fils de Dieu est présent à nos côtés ; comme pour Jean Baptiste, il est celui qui vient vers nous, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.