Écrit par f. Samuel

30 mars 2025 – IVè dimanche de Carême


            Connaissez-vous la plante nommée dendrocalamus (bambou géant) ?  Lorsqu’on le met en terre, il ne semble rien se passer pendant plusieurs années. Mais en réalité, il forme des racines solides sous terre. Puis, en un court laps de temps, il pousse de manière spectaculaire (pour certaines espèces cela va jusqu’à 1m/jour !!!). Il atteint ainsi des hauteurs impressionnantes (entre 8 et 15, voire 30 m) ; et tenez-vous bien, il ne fleurit qu’un fois tous les 60 ou 100 ans !

Eh bien, de la même manière, comme un jardinier qui aurait planté une graine de bambou géant, Dieu veille sur chacun de nous avec une infinie patience. Même lorsque nous semblons stagner ou nous éloigner, Il ne cesse d’espérer et de travailler en secret pour notre croissance spirituelle et humaine.

Chers frères et sœurs, la parole de Dieu nous invite aujourd’hui à contempler la patience infinie de notre Seigneur. Une patience qui montre un Dieu qui ne se lasse jamais de nous appeler à la conversion et à la réconciliation. Aujourd’hui, dans l’Écriture sainte nous découvrons un Dieu qui attend, qui espère et qui agit avec amour, pour nous ramener à lui.

Dans la première lecture, tirée du livre de Josué, nous voyons le peuple d’Israël entrer en Terre Promise. Ce moment marque l’accomplissement d’une promesse faite des générations auparavant. Dieu a accompagné son peuple à travers le désert, malgré leurs murmures et leurs infidélités. Quelle patience extraordinaire lui a-t-il fallu ! Dieu ne s’est pas détourné, mais a persévéré, guidant son peuple jusqu’à ce jour de grâce où il est entrée en Terre Promise.

Le psalmiste quant à lui nous invite à goûter et voir combien le Seigneur est bon. Cette bonté est le fruit de sa patience. Combien de fois l’avons-nous expérimenté cette bonté ? Peut-être plusieurs fois… même lorsque nous nous sommes éloignés de Lui ? Dieu ne se lasse pas de nous attendre, comme un père/une mère attend le retour de son enfant.

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous rappelle que Dieu nous a réconciliés avec Lui par le Christ Jésus. Cette réconciliation est un sommet atteint par la patience divine. Dieu ne compte nos fautes, nos péchés. Et il a envoyé son Fils pour nous sauver. Jésus, par sa vie, sa mort et sa résurrection, incarne cette patience divine.

Enfin l’extrait de l’évangile de Luc nous offre la parabole si connue, dite du fils prodigue. Mais on pourrait aussi la nommer « Le Père aimant et patient » ! Quelle belle image puissante de Dieu, n’est-ce pas ! Vous aurez remarqué que le père de la parabole ne se contente pas d’attendre passivement. Il guette, il espère, et lorsqu’il aperçoit son fils au loin, il court à sa rencontre. Ce père, nous le savons, c’est Dieu qui ne cesse de nous chercher, de nous appeler, et se réjouit du retour de chacun de ses enfants.

Chers frères et sœurs, comme le dit un verset de psaume : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour »[1]. Voilà qui exprime bien la force du cœur de notre Dieu. Elle nous montre que l’amour véritable est patient, qu’il prend le temps nécessaire pour guérir, pour restaurer, et pour réconcilier.

L’enseignement que nous donne la parole de Dieu est clair : nous sommes invités à faire preuve d’une même patience dans nos vies. Soyons patients avec nous-mêmes, reconnaissant que la conversion est un chemin, et non un instant. Et bien entendu, soyons patients les uns envers les autres, pardonnant comme Dieu nous a pardonné. Enfin, et peut-être finalement à la base de tout, répondons à l’amour patient du Seigneur, par un acte de foi.

Alors que nous approchons de la semaine sainte, prenons le temps de méditer sur notre rapport à la patience. Comment l’exerçons-nous ? Comment nos amis, nos collègues, nos voisins, nos parents, nos enfants, etc… nous permettent-ils d’exercer notre patience ? Voire de la mettre à l’épreuve ? Demandons à Dieu de nous donner un cœur patient, un cœur capable d’aimer comme lui. Et rendons grâce, frères et sœurs, pour ce Dieu qui ne se lasse jamais de pardonne, de nous aimer.

Aussi prions :

Père, j’ai péché contre le ciel et contre Toi
je ne suis plus digne d’être appelé ton fils
je ne suis pas digne d’être ton serviteur…

Père,
ta Miséricorde dépasse ta Justice
et tu fais fondre en nous toute résistance à ton amour…

Ô Bienheureuse faute qui nous a valu de telles retrouvailles !
Je te bénirai, Seigneur tous les jours de ma vie…

Amen.


[1] Ps 102 (103), 8