Chanoines réguliers de Prémontré
7
Déc
S. Ambroise, évêque et docteur
Écrit par f. Norbert

14 mai 2023 – VIè dimanche de Pâques

« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité » (Jn 14,16). Chers frères et sœurs, c’est à quelques jours de l’Ascension que nous entendons ce discours de Jésus à ses disciples. Le Seigneur Jésus prononce ce discours pour préparer ses disciples à son départ imminent : voici qu’il s’apprête à quitter la terre, pour rejoindre le Père dont il était « sorti » pour s’incarner, pour prendre notre chair. C’est la complétude de notre salut : pour sauver l’homme, il fallait que le Fils s’incarne, et pour sauver l’homme jusqu’au bout, il fallait que ce Fils vive l’Ascension. Avec le Christ ressuscité et monté au ciel, notre chair humaine est déjà assumée en Dieu, elle est déjà sauvée. Et le Seigneur ne nous abandonne pas : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité. » Deux points ont retenu mon attention : d’abord « l’autre Défenseur », ensuite ce que change pour nous le don de cet « autre Défenseur. »

Jésus ne promet pas seulement que le Père enverra un Défenseur. Il promet très précisément qu’il enverra un « autre Défenseur ». S’il y en a un « autre », c’est qu’il y en a eu un premier. Ce Défenseur premier, c’est le Christ Jésus lui-même, qui est mort et ressuscité pour notre salut. Il est le Défenseur premier, celui qui nous a réconciliés avec Dieu sur la croix. Dans le Nouveau Testament, le mot « Paraclet », qui signifie Défenseur ou Consolateur, ne désigne d’ailleurs que le Seigneur Jésus et l’Esprit saint (Jn 14,16.26 ; 15,26 ; 16,7 ; 1 Jn 2,1). Il ne s’applique à nul autre qu’à ces deux-là, et signifie l’unité de l’œuvre de la consolation. Le don de « l’autre Défenseur » doit être compris avec le don du premier Défenseur : ils sont liés, ils ne peuvent pas être séparés. La promesse de l’envoi de l’Esprit saint est reliée au don que le Christ Jésus a fait de sa propre personne en mourant pour nous sur la croix. 

Du reste, Jésus nomme « Esprit de vérité » cet « autre Défenseur ». Or quelques versets auparavant, c’est-à-dire quelques minutes auparavant, Jésus avait dit de lui-même qu’il était « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). C’est parce qu’il est la « Vérité » qu’il peut demander au Père d’envoyer « l’Esprit de vérité », qui est l’Esprit du Père et du Fils, celui qui scelle leur unité. Et partant, celui qui scellera notre propre unité avec Dieu dès lors que nous le recevrons. C’est bien ce qu’affirme la suite de l’évangile : « Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. » 

La consolation est l’œuvre de la réconciliation de l’homme avec Dieu : par la consolation de la croix et par la consolation de l’Esprit, la relation entre l’homme et Dieu est rétablie, le péché est remis : d’un côté l’humanité est déjà assumée en Dieu par l’Ascension du Ressuscité qui avait pris la chair des hommes, de l’autre côté l’Esprit est répandu sur les croyants ; par lui, le Seigneur demeure dans les croyants. 

J’en viens à mon second point : que change pour nous la promesse de « l’autre Défenseur » ? Nous nous trouvons comme les Samaritains dont nous avons entendu parler dans la première lecture : « Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint » (Ac 8,17). Au jour de notre baptême, la promesse de « l’autre Défenseur » s’est réalisée pour chacun de nous : au moment où nous fûmes plongés dans l’eau baptismale et où le nom de la Trinité a été invoqué, nous avons reçu l’Esprit saint, nous avons reçu « l’autre Défenseur », nous avons été sauvés, nous avons été rendus participants de l’œuvre divine de la consolation. Autrement dit, tout baptisé porte en lui « l’Esprit de vérité », à qui il doit se fier et à qui il doit se confier. D’où les exhortations de l’apôtre Pierre dans la seconde lecture : « Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ. Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous (…) ». 

Alors quels moyens sommes-nous prêts à prendre pour honorer le don de l’Esprit ? Que sommes-nous prêts à vivre pour « rendre raison de l’espérance qui est en nous » ? Que voulons-nous faire pour déployer notre baptême ? Ce pourrait être de participer au débat paroissial du 24 mai à 19h à la salle paroissiale de Tilly. Ce pourrait être de rejoindre les groupes de réflexion des Mains Ouvertes dans la paroisse. Ce pourrait être de lire la Bible avec le groupe Saint-Jérôme, qui se réunira samedi 20 mai à 20h30 et où vous apprendrez tout ce qu’il faut savoir sur le livre de l’Exode. Les moyens existent, ils sont nombreux.   Chers frères et sœurs, la promesse de « l’autre Défenseur » achève de déployer le mystère de Pâques. Dans la grande cinquantaine entre Pâques et Pentecôte, nous méditons cette consolation du monde et de l’homme, que Dieu s’est rattaché à lui par la résurrection de son Fils. Le départ du Fils qui retourne auprès du Père et l’envoi de l’Esprit qui procède du Père et du Fils, sont le sceau de la promesse, ils sont le cachet qui atteste l’œuvre divine de notre salut. De cette œuvre divine, nous avons à rendre compte à ceux qui nous entourent. Tous autant que nous sommes, décidons maintenant d’un moyen supplémentaire pour l’annoncer. Que Dieu soit béni, pour nous il a fait des merveilles.