Écrit par f. Maximilien

2ème Dimanche de Pâques – 24 avril 2022

Regardez-vous ! Regardez-nous ! Rassemblés dans cette église ce matin, comme tant de chrétiens par le monde. Nous fêtons la Résurrection du Christ, comme chaque dimanche. Nous sommes unis à nos frères chrétiens orthodoxes qui ont fêté cette nuit-même la grande fête de Pâques, huit jours après nous. Regardez-nous ! Regardez-les ! Nous chantons et proclamons : « Le Christ est ressuscité ! Il est véritablement ressuscité ! ». Vous le savez, la résurrection du Christ est le cœur de notre foi. Sans elle, notre foi est vaine. Nous avons fêté Pâques la semaine dernière. Huit jours après, il est temps de prendre un peu de recul : qu’est-ce que nous avons fait ? Pourquoi avoir fêté la résurrection du Christ ? Pourquoi sommes-nous croyants ? Et je vous pose directement la question, afin que vous la saisissiez et que vous y répondiez par vous-mêmes : frère chrétien, pourquoi es-tu croyant ? Quel est le moteur de ta foi ?

Nous sommes croyants parce que, un jour, des témoins ont vu le Christ ressuscité. Ils l’ont vu, ils l’ont annoncé, ils l’ont écrit, ils en ont témoigné. Notre foi, deux mille ans plus tard, se fonde sur le témoignage de ces premiers témoins. Saint Jean écrit, dans l’évangile d’aujourd’hui : « [Les signes que Jésus a accomplis] ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom ». Si nous sommes croyants, si notre foi est vive, c’est parce que nous avons reçu le témoignage des apôtres par l’intermédiaire des Écritures et de l’Église. Ces témoignages ont été écrits pour que nous ayons la foi, et pas n’importe quelle foi : la foi en Jésus, Christ, Fils de Dieu : « [Les signes que Jésus a accomplis] ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ». Et le but de cette foi est de renaître à la vie, de voir Dieu face à face, lui qui est notre Vie, de suivre le Christ qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. Saint Jean le dit : « [Les signes que Jésus a accomplis] ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, […] et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom ». Ainsi, le témoignage des Écritures reçu par l’Église est le fondement de notre foi, et la foi en Christ Ressuscité nous ouvre à la vie divine.

Dans un sermon, notre père saint Augustin résume cet acte de croire en une formule bien sentie dont il a le secret. Comme toutes les formules, il s’agit de bien la comprendre. Je vous la livre aujourd’hui comme un trésor spirituel, à conserver, méditer, ruminer pour que vive votre foi. Selon Augustin, il s’agit de « comprendre pour croire et croire pour comprendre ». Et dans cet ordre-là, justement : « comprendre pour croire, et croire pour comprendre ». Ne nous méprenons pas, et tâchons de saisir le sens de cette phrase. Lorsqu’il dit : « comprendre pour croire », Augustin ne nous explique pas que nous deviendrons croyants si nous arrivons à prouver le contenu de notre foi de manière rationnelle. Il ne s’agit pas de « comprendre » la foi, comme on en ferait une démonstration logique. Encore récemment, dans un best-seller vendu à des milliers d’exemplaires, certains se sont essayé à prouver l’existence de Dieu à partir de la science. Leur argumentation peut sembler alléchante, mais elle reste fallacieuse : notre foi n’est pas démontrable, au sens contemporain et scientifique du terme. Quand Augustin écrit qu’il fait « comprendre pour croire », il se situe dans la droite ligne de l’Évangile d’aujourd’hui. Pour croire, il faut commencer par comprendre les Écritures et ceux qui les expliquent. Le fondement de notre foi, c’est la Parole de Dieu reçue dans l’Église et commentée par ses pasteurs et ses catéchistes. C’est sur la Parole de Dieu, sur le témoignage des Apôtres, sur l’interprétation de la longue Tradition de l’Église, sur l’enseignement des pasteurs et des catéchistes que notre foi grandit. Pour croire, il s’agit donc de fréquenter la Parole de Dieu, la Tradition de l’Église et l’enseignement de ceux qui ont reçu ce ministère. Alors, dans un deuxième temps, en suivant Augustin, croire nous aidera à comprendre. Ici, le sens du mot « comprendre » a un peu évolué. Il ne s’agit toujours pas de croire pour comprendre de manière rationnelle et scientifique du terme. Pour Augustin, ce « comprendre » comme fruit de la foi, c’est rencontrer Dieu, vivre de Dieu, vivre en Dieu, voir Dieu. Or, Dieu, nous ne pourrons le rencontrer, en vivre, le voir face à face que dans le Royaume. Ainsi, la foi nous aide à comprendre Dieu et, surtout, nous oriente vers le Royaume des cieux, dès maintenant et au jour de notre mort. N’est-ce pas, là encore, ce à quoi la phrase de l’évangile nous conduisait : « pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom ». Saint Augustin, dans le Sermon 43 que je cite ici, écrit : « Entendons-nous : Oui, il faut comprendre pour croire et croire pour comprendre. » Il explique lui-même le sens de cette phrase : « Voulez-vous que j’explique en deux mots et qu’il n’y ait plus de contestation possible ? Je dirai à chacun : Comprends ma parole, pour croire, et crois la parole de Dieu pour comprendre. » Au début de mon propos, je vous ai posé une question : frère chrétien, pourquoi es-tu croyant ? Quel est le moteur de ta foi ? Grâce à l’Évangile et à saint Augustin, nous avons compris : je suis croyant car j’ai reçu le témoignage des premiers témoins de la résurrection, car j’ai reçu l’Écriture comme Parole de Dieu, car j’ai reçu l’enseignement de l’Église et la parole de ses pasteurs. Le moteur de ma foi, c’est ce désir de voir Dieu face à face, de recevoir sa vie. Alors, frère chrétien, permets-moi de te laisser sur une autre question : ta foi est-elle vivante ? Cherches-tu à comprendre la Parole de Dieu pour la rendre vivante ? Reçois-tu la Tradition de l’Église et son enseignement comme un trésor précieux ? Ta foi est-elle vivante ? Viens maintenant puiser dans l’Eucharistie le contenu de ta foi. Viens puiser la Vie éternelle.