24 août 2025 – XXIe dimanche du temps ordinaire
Je suis en retard, en retard, en retard… dit le lapin dans Alice au pays des merveilles. On ne saura jamais vers quoi il court, mais Alice le poursuit, et tombe dans le terrier… jusqu’à ce qu’elle se retrouve devant une toute petite porte. Y passer la tête, Alice ne pouvait même pas !
Et j’espère que vous aurez fait le lien avec l’évangile où Jésus dit : « efforcez-vous de passer par la porte étroite ».

Voilà une belle image : le Salut serait une maison, et pour y pénétrer il faut passer par cette petite porte. Donc, à peu près comme Alice qui va entrer dans le pays des merveilles.
Le paradis c’est peut-être le pays merveilleux de Dieu ! Utopie ? non, mais encore faut-il passer la porte. XS la porte, de taille réduite, difficile donc mais pas impossible de la franchir. Que symbolise-t-elle ?
Ce pourrait-être la foi, l’humilité, la repentance, le renoncement… qui seraient comme des conditions de passage. N’est-ce pas d’ailleurs ce chemin douloureux par lequel Jésus a passé ?
A son habitude, Jésus ne répond pas à la question, qui je le rappelle est : « N’y-a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? ». Il renvoie à soi, chacun de ceux qui l’interrogent. Comme s’il disait : vous vous occupez du salut des autres, mais qu’en est-il de votre salut à vous ?
Néanmoins, Jésus veut que nous tâchions d’entrer dans le Royaume. Il ouvre nos cœurs à la réflexion avec cette parabole. Qui sont ceux qui frappent à la porte ? Ceux qui pourraient dire à Jésus : on t’a connu, toi le p’tit de Joseph le charpentier… ou bien toi Jésus, le bon parleur qui intriguait nos savants et nos scribes dans les synagogues. Oui, souviens-toi, on était là quand tu parlais.
Vrai, sauf que, leur explique-t-il, l’entrée dans le Royaume de Dieu se fait à une condition que vous ne remplissez pas. Et m’avoir connu ne fait pas tout. Vous n’avez eu qu’un rapport extérieur avec moi. Votre conduite est pleine d’injustice. Vous faites “comme si“…mais dans le fond de vos cœurs, il n’y a pas de vraie place pour Dieu.
Risquer l’amour du prochain…c’est exigeant. Sans en douter, et de tous temps, il y a des chrétiens “de façade“ qui n’agissent pas avec charité. Et c’est, en effet, malheureux. Alors cela me fait mal d’entendre un paroissien me dire que untel/unetelle l’a ignoré ou dédaigné (souvent par méconnaissance) au moment de se saluer sur le parvis – ou pire, au moment d’échanger le geste de paix. Il faut être lucide et reconnaître nos faiblesses, nos peurs/craintes, si l’on veut progresser vers le Royaume.
La porte est étroite, qui conduit au Royaume. Que faire ? Rien de bien compliqué. Eh bien, comme Alice au pays des merveilles : rapetissons !
Faisons un tout petit retour à l’histoire…
Grandir permet de se protéger, d’être plus fort en cas de danger. Mais en contrepartie cette grande taille empêche Alice d’aller partout où sa curiosité l’entraine. Elle doit donc trouver un équilibre entre prendre des risques pour avancer (ie grandir), et être suffisamment petite, pour aller où elle le souhaite.
Grandir tout en demeurant petit. Aller à la rencontre de l’autre sans être trop craintif. C’est un trait de caractère attribué aux enfants. Or vous le savez comme moi, Jésus invite à être comme des enfants… car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemble.
Toute comparaison étant, notez de quelle manière, devant la petite porte, Alice a diminué. Elle a bu et mangé quelque chose qui lui était préparé. Et nous, frères et sœurs, n’allons-nous pas recevoir le corps et le sang du Seigneur, qui renouvelle en nous la grâce reçue au baptême.
Devenons petits donc…
Sainte Thérèse de Lisieux, a les bons mots pour exprimer cette voie d’enfance spirituelle : être petit
« C’est reconnaître son néant, attendre tout du bon Dieu, comme un petit enfant attend tout de son père ; c’est ne s’inquiéter de rien, ne point gagner de fortune. …je n’ai pas voulu grandir, me sentant incapable de gagner ma vie, la vie éternelle du Ciel. Je suis donc restée toujours petite, n’ayant d’autre occupation que celle de cueillir des fleurs, les fleurs de l’amour et du sacrifice, et de les offrir au bon Dieu pour son plaisir.
Être petit, c’est encore ne point s’attribuer à soi-même les vertus qu’on pratique, se croyant capable de quelque chose, mais reconnaître que le bon Dieu pose ce trésor dans la main de son petit enfant pour qu’il s’en serve quand il en a besoin ; mais c’est toujours le trésor du bon Dieu. Enfin, c’est de ne point se décourager de ses fautes, car les enfants tombent souvent, mais ils sont trop petits pour se faire beaucoup de mal. »
Carnet Jaune de Mère Agnès, 6 août 1897,
Pour passer par la porte, il faut être petit.
Prions : Seigneur, nous voulons te rendre grâce de nous apprendre à tout recevoir de ta main. Merci pour cette porte étroite par laquelle tu nous fais entrer. Donne-nous de ton pain de vie, qu’il fasse grandir en nous l’esprit d’enfance qui nous conduit jusqu’à toi.
Amen