Chanoines réguliers de Prémontré
3
Déc
S. François-Xavier, prêtre
Écrit par f. Éric

16 novembre 2025 – 33e dimanche du temps ordinaire

Comme les feuilles qui tombent annoncent l’automne, ainsi les textes bibliques de la fin du monde annoncent le terme de l’année liturgique.

L’évangile de ce jour commençait plutôt bien : comme des touristes installés à une terrasse devant un monument ancien, les disciples sont face au Temple. Et certains admirent les belles pierres (en effet, elles pesaient plusieurs tonnes ; on les voit encore, entassées au pied de l’Esplanade à Jérusalem) et les ex-voto. Rien ne semblait pouvoir rompre cette harmonie de la Ville sainte, organisée autour des activités du Temple.

C’est pourtant à partir du Temple que Jésus va remettre « l’église au milieu du village », c’est-à-dire qu’il va replacer la marche du monde face au seul événement important : la Croix et sa résurrection

Regardons comment Jésus procède ?

Par l’annonce de la destruction du Temple (qui se produira quelques décennies plus tard) il sous-entend l’arrêt du culte qui s’y déroule. Puis, il élargit la question des bouleversements, à l’ensemble du monde : désordre politique « nation contre nation », désordre économique et social avec des famines et des épidémies, jusqu’au désordre du cosmos avec les grands tremblements de terre et les signes venus du ciel.

Dans ce chaos général, les disciples du Seigneur seront-ils épargnés ou protégé ?

Pas vraiment : ils seront « persécutés », livrés aux synagogues et aux prisons, et même dénoncés par leurs parents, famille et amis. C’est à partir du sort des disciples que le Christ indique sa place, centrale, dans les événements du monde et dans sa vie l’événement central : sa Croix et sa résurrection.

Quel est donc le sort des disciples du Christ ?

Le même que celui de leur maître. Nous avions un indice au début de ce récit. On a commencé par le Temple. Le Temple représente le culte de l’Ancienne Alliance, qui sera remplacé par le culte qui s’organise autour de la personne du Christ. Le Christ lui-même s’identifie au Temple : « détruisez ce Temple et en 3 jours je le relèverai ».

Comprenons : en 3 jours, les trois jours du mystère pascal de sa mort et de sa résurrection, se fonde la Nouvelle Alliance et le nouveau culte, celui que nous célébrons aujourd’hui quand nous faisons mémoire du Seigneur dans l’eucharistie : « Faites ceci en mémoire de moi ».

Le Christ, ainsi, ne parle pas de sa mort et de sa résurrection mais il annonce ce que sera l’avenir des disciples, qui vivront ceux qui a vécu leur maître.

Écoutons ses paroles : « cela vous amènera à rendre témoignage ». « C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse » qui surpassera vos adversaires. « C’est par votre persévérance que vous garderez la vie ».

Comprenons que les disciples rencontreront des persécutions, comme leur maître ; qu’ils seront mis à mort pour certains, comme leur maître ; mais que, comme leur maître ils garderont la vie. Ainsi, alors que les éléments du monde peuvent disparaître comme le Temple qui est voué à la destruction, ce qui importe c’est de discerner ce qui tient au milieu de tous ces bouleversements : la croix du Christ, gage de la Résurrection.

Il y a quelques jours la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à Rome, déclarait :

« la Croix s’élève chaque fois

qu’un cœur, sous l’action de la grâce, s’ouvre au pardon,

qu’une âme se convertit,

que l’espérance renaît là où elle semblait impossible,

et même lorsqu’un croyant, embrassant une petite croix se confie au Christ. »

Le témoignage que les disciples doivent rendre, ne consiste pas seulement à dire leur foi par des paroles. Nous qui sommes aujourd’hui les disciples du Christ devons rendre témoignage au Christ par une vie conforme à la sienne, par nos paroles et par nos actes. Le Fils de Dieu est venu pour annoncer le règne de Dieu et ouvrir ce royaume aux tout-petits. Aujourd’hui, le témoignage consiste à rendre possible la venue du Royaume : « un royaume de justice, de paix et d’amour », selon la lettre de saint Paul aux Romains.

En ce dimanche, qui est la journée internationale des pauvres, comme l’a souhaité le pape François, il est beau de voir le déploiement d’énergie dans notre diocèse ou chaque paroisse veut donner une place plus grande aux personnes fragiles. Ce midi, plus de 170 personnes déjeuneront ensemble ici à l’abbaye, à la Grange aux dîmes, à l’initiative des paroisses du Bessin pour le Jubilé des pauvres. À chacun de nous de persévérer dans le témoignage, selon l’esprit du Royaume, dont le Christ est le roi que nous fêterons dimanche prochain pour clore l’année liturgique.

Que le Christ règne en nous afin que notre témoignage soit authentique ! AMEN.