Chanoines réguliers de Prémontré
22
Août
La Vierge Marie, Reine
Écrit par F. François-Marie

15 août 2025 – Assomption de la Vierge Marie

En général, l’enfant est étroitement uni à sa mère. Plus tard, il quitte la maison paternelle. Le lien entre la mère et l’enfant s’affaiblit. Mais dans la vie chrétienne, il en va autrement : plus notre vie spirituelle se développe, plus nous ressentons le besoin de dépendre de Marie, que Dieu nous a donné pour mère. Et cette dépendance n’est pas infantilisante, au contraire, elle nous permet de traverser l’existence jusqu’à l’heure de la mort, avec tout ce que le monde adulte comprend d’épanouissement et de joie, mais aussi de drame et de douleur.

En ce jour de l’Assomption, où nous fêtons l’aboutissement de la vie humaine de Marie, dans la gloire, où elle veut entraîner avec elle l’Église toute entière, je voudrais m’arrêter, à l’aide du rosaire, aux quatre grandes étapes de ce chemin qu’est le Christ, le chemin de l’Église, notre chemin, sur lequel Marie nous accompagne.

La première étape est celle des mystères joyeux, ceux de la venue du Christ en ce monde, son incarnation, son enfance. C’est le temps des commencements, de la joie de la nouveauté, de l’inattendu qui nous émerveille. Combien ce temps des débuts est essentiel, le temps des préparations. Dieu lui-même a pris un soin immense à préparer la venue de son Fils dans le monde, à travers la longue histoire du peuple d’Israël, puis au long des 30 années de vie cachée à Nazareth. Marie est là pour nous apprendre la valeur de ce temps, celui de l’éducation des enfants, de la formation qui prépare aux grands engagements de l’existence. Demandons à la Vierge Marie qu’elle oriente notre cœur, n’ayons pas peur d’être à elle entièrement, de lui consacrer notre vie, nos pensées, nos actes, notre personne, pour apprendre, par elle, à nous laisser conduire en toute chose par l’Esprit Saint, comme son « oui », son « fiat », nous le fait comprendre.

La deuxième étape est celle des mystères lumineux, ceux du ministère du Christ en ce monde, la prédication du Royaume, sa vie publique. C’est le temps de l’engagement, des projets de vie qui se concrétisent, risquer sa vie à la suite du Christ, convertir sa vie au Christ, connaître la lumière de son enseignement, de sa Parole et des sacrements. Marie est là encore. Peut-être plus discrète, quoique bien présente, comme lors des noces de Cana, où elle intercède pour l’Église, pour tous nos besoins humains véritables. Elle est présente aussi pour écouter la Parole de son Fils et elle nous fait comprendre qu’elle n’est pas seulement mère du Christ parce qu’elle l’a porté dans son sein, mais le Christ continue à habiter en elle par la foi. Marie écoute, garde en son cœur et met en pratique la Parole du Christ. Demandons à la Vierge Marie d’être des priants, qu’elle oriente nos discernements, nos décisions, nos actions. Qu’elle nous ouvre, comme le Christ, aux pauvres et aux petits, qu’elle forme en nous un cœur de disciple du Seigneur.

La troisième étape est celle des mystères douloureux, ceux du sacrifice du Christ qui sauve le monde par son obéissance, jusqu’à la Croix. Sur cette terre, il n’y a pas d’endroit sans croix. Que les épreuves qui surviennent soient subies ou qu’elles engagent pour une part notre liberté et celle des autres, quel que soit notre degré de responsabilité, qu’elles arrivent de manière soudaine et dramatique ou qu’elles soient un fardeau à porter tout au long de notre vie, sur cette terre, il n’y a pas d’endroit sans croix. Marie est debout au pied de la Croix. Là, Jésus nous a donné Marie pour mère et elle intercède pour nous. Quand l’épreuve ou l’échec nous atteint, il nous est parfois impossible de prier, de louer Dieu, de dire « que ta volonté soit faite ». Alors c’est Marie qui prend le relais, et avec elle l’Église. Supplions et demandons pour nos frères et sœurs qui, sous le poids de la croix, ne sont pas capables de prier. Dans le grand corps du Christ qui est l’Église, la prière monte, par Marie et tous les saints, vers Dieu.

La quatrième étape est celle des mystères glorieux, ceux de la victoire du Christ sur le mal, le péché et la mort, ceux du don de l’Esprit Saint à l’Église pour la conduire jusque dans sa gloire. C’est le temps de recueillir comme un don les fruits du salut. Marie est pour nous mère de Vie. Ces fruits ne sont pas spectaculaires, ils sont l’humilité, la foi, l’espérance, la charité, la paix. La croix n’est pas derrière nous, elle demeure parmi nous tant que nous sommes en pèlerinage sur cette terre. Marie est alors celle qui nous apprend à consentir, jour après jour, à devenir vraiment enfants de Dieu, à recevoir la Vie, moins comme un projet que je me donne mais bien davantage comme un don gracieux à recevoir, à partager, dans la fidélité à l’amour reçu du Père. C’est le temps de reconnaître que nous ne faisons que commencer et que l’accomplissement de notre existence est dans les mains de Dieu.

Ces quatre étapes, nous ne les traversons pas de manière chronologique et successive. Elles sont davantage des manières d’être en relation avec Dieu, différentes demeures pour ainsi dire, où nous habitons, des paysages variés que nous traversons, ceux de la joie, de la lumière, de la douleur et de l’accomplissement. Dieu a ouvert un chemin dans la mer pour son peuple. Il a ouvert les portes de la mort, par la résurrection. Il a ouvert les portes du Ciel pour sa Mère. Dans la situation où nous sommes, même la plus fermée à vue humaine, Dieu nous ouvre un chemin de sainteté. Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen !

Fr François-Marie