Chanoines réguliers de Prémontré
26
Avr
S. Ludolphe, évêque de notre Ordre

Noël 1121 – Noël 2021 : 900 ans d’histoire

Cette année, la solennité de la Nativité du Seigneur a une saveur particulière dans notre ordre de Prémontré. Nous fêtons en effet nos 900 ans ! Après avoir choisi la Règle de saint Augustin, saint Norbert et ses compagnons décidèrent de s’engager, c’est-à-dire de faire profession de vie religieuse selon cette Règle magnifique, le jour de Noël 1121. Le choix de cette date est bien caractéristique de la dévotion du XIIe siècle à la douce humanité de Dieu.

Voici le récit de cet événement historique, de ce jour qui a fondé notre Ordre (R.P. Dominique-Marie Dauzet, Petite vie de saint Norbert – extraits) :

Abbaye d’Averbode, Adoration des saints prémontrés à la crèche.

Au cœur de la forêt enneigée de blancheur et de silence, dans la petite église provisoire du monastère, Norbert célèbre la messe du jour de Noël. Les frères y prononcent la formule de profession. On a choisi, pour le rituel de profession, le moment de l’offertoire, parce que c’est la coutume dans le monde canonial, et aussi parce que la symbolique est très forte : en même temps qu’on offre le pain et le vin de l’Eucharistie, le frère offre sa vie toute entière sur l’autel. Il devient lui-même, comme le Christ, sacrifice offert à Dieu.

Les frères s’agenouillent devant l’autel, les uns après les autres, leurs mains jointes glissées entre les mains jointes de Norbert. Ce beau geste emprunté au droit féodal a le sens d’une remise totale de leur être à Dieu par l’entremise de leur père spirituel. La formule qu’ils prononcent est à peu de chose près la même encore aujourd’hui. Nous en connaissons le texte primitif grâce au prémontré écossais Adam de Dryburgh (1127-1222) : « Moi, frère ***, je m’offre et me donne à l’Eglise de Sainte-Marie Mère de Dieu et de Saint-Jean-Baptiste de Prémontré. Je promets la conversion de mes mœurs et la stabilité dans le lieu, selon l’Evangile du Christ, l’institution apostolique et la règle de saint Augustin. Je promets aussi obéissance au Seigneur Notre Père de cette église et à ses successeurs, que la partie la plus saine de la communauté aura élus. »

Nos deux Vitae [vies de Norbert écrites par des contemporains du saint] commentent, avec exaltation : « Ce jour-là, ils s’enrôlèrent dans la bienheureuse cité éternelle… » La formule de profession indique bien, cependant, qu’ils ont choisi, pour habiter le ciel, le moyen d’une église, au sens fort du latin ecclesia : un lieu d’Eglise, auquel ils se sont offerts pour toujours. C’est là qu’ils vont réaliser le corps du Christ, par la médiation d’une communauté humaine. L’allusion a l’institution apostolique a le même sens. L’organisation que se sont donnés les apôtres, dans la primitive Eglise de Jérusalem, reste donc un modèle de vie parfaite pour une communauté chrétienne : « Un seul cœur et une seule âme » et « ils mettaient tout en commun » (Ac 4, 32).

La joie est grande, ce jour-là.