Chanoines réguliers de Prémontré
26
Avr
S. Ludolphe, évêque de notre Ordre

Les premiers temps de l’Ordre

Ce 9 janvier 2022, fête du baptême du Seigneur, marque pour notre ordre de Prémontré la clôture de l’année jubilaire. Ce jubilé commémorait la fondation de Prémontré par saint Norbert il y a 900 ans. Les Vies de Norbert écrites par les contemporains du saint évoquent les premiers temps de la petite communauté norbertine. Voici quelques extraits de la Vita A :

Dans notre salle du chapitre, les fresques font mémoire du choix de la Règle de saint Augustin aux origines de l’Ordre.

« Matin et soir, Norbert réunissait toute la communauté pour une conférence spirituelle. Il les exhortait à persévérer dans leur saint propos et à garder la pauvreté volontaire. Comme un aigle qui encourage ses petits à voler, il montrait par son exemple les vertus qu’il enseignait. […]

Norbert avait reçu bien des conseils différents d’hommes très religieux, évêques ou abbés. L’un suggérait la vie anachorétique, l’autre la vie érémitique, un troisième l’union avec l’ordre de Cîteaux. Mais lui pensait que son œuvre et son dessein venaient de Dieu. Il n’attribuait sa fondation ni à lui-même ni à d’autres hommes. Aussi s’en remettait-il à Celui qui est le principe de tout. Il n’en réfléchissait pas moins. Pour ne pas faire affront à l’institution canoniale dont tous les frères avaient fait profession depuis leur enfance, il se fit communiquer la règle de saint Augustin. Car il voulait vivre la vie apostolique qu’il avait déjà pratiquée pendant ses prédications et il avait appris que ce saint, à la suite des apôtres, l’avait organisée et mise en honneur. Le jour de Noël, à Prémontré, chacun s’enrôla, par la profession de cette règle, au service de la cité de la vie éternelle.

Mais chacun exposait et interprétait cette règle à sa façon. On soutenait des opinions fort diverses. Le texte de la règle augustinienne, disait-on, ne s’accordait pas avec les observances des autres réguliers. Cela amenait les uns au scrupule, d’autres à l’incertitude, d’autres encore à la tiédeur, car la plantation n’était pas encore profondément enracinée. « Pourquoi cet étonnement et ces hésitations ? dit Norbert. Toutes les voies du Seigneur ne sont-elles pas miséricorde et vérité ? Si elles sont diverses, sont-elles opposées ? Les usages, les observances changent ; l’amour mutuel, la charité doivent-ils aussi changer ? La règle dit bien : Aimons Dieu et ensuite notre prochain. Les observances ne sont pas seules à promouvoir le règne de Dieu, mais aussi la vérité et la pratique des commandements. La charité, le travail, le jeûne, l’habillement même, le silence, l’obéissance, le respect mutuel, la déférence envers les supérieurs, tous ces points sont nettement fixés par la règle. Que faut-il de plus à un religieux pour assurer son salut ? […]

Les premiers frères ne prenaient guère soin de leur vie matérielle. Grâce aux exhortations de leur père, ils portaient tous leurs efforts sur la vie spirituelle : suivre les Saintes Ecritures et prendre le Christ pour guide. Norbert assurait que ceux qui voulaient rester avec lui ne pourraient dévier s’ils vivaient leur profession suivant l’Evangile, la doctrine des Apôtres et le règlement de vie proposé par saint Augustin. Aussi ne rougissaient-ils pas de la pauvreté de leurs habits, ne faisaient-ils aucune difficulté pour obéir, gardaient-il partout et toujours le silence. […] Très souvent Norbert recommandait ces trois points : propreté envers l’autel et les saints mystères ; correction, au chapitre et ailleurs, des fautes et des négligences ; exercice de la charité et de l’hospitalité envers les pauvres. Car, à l’autel, on montre sa foi et son amour pour Dieu ; dans la purification de sa conscience, le soin de soi-même ; par l’accueil des hôtes et des pauvres, la charité envers le prochain. Norbert ne cessait d’assurer qu’une maison qui s’appliquerait à observer ces trois points ne saurait être dans une pénurie qui excèderait ses forces. »