Chanoines réguliers de Prémontré
26
Avr
S. Ludolphe, évêque de notre Ordre

« J’étais en prison et vous m’avez visité »

« Qui est devant vous? J'aimerais vous répondre avec une certitude de ma vie : celui qui est devant vous est un homme pardonné. Un homme qui a été et qui est sauvé de ses nombreux péchés.

Et c’est ainsi que je me présente. Je n’ai pas grand-chose de plus à vous donner ou à vous offrir, mais ce que j’ai et ce que j’aime, oui, je veux vous le donner, oui, je veux vous le partager : Jésus Christ, la miséricorde du Père »

Ces mots que le pape François a prononcés en juillet 2015 devant les 4000 détenus de la prison de Palmasola, aux portes de Santa-Cruz en Bolivie, me reviennent souvent lorsque je passe les multiples portes qui séparent de l’extérieur les détenus du Centre pénitentiaire de Caen.

« Je n’ai pas grand-chose à vous donner ou à vous offrir » : l’apostolat en prison est souvent la prise de conscience d’une impuissance. Les aumôniers ne sont en effet pas nommés par l’administration pénitentiaire pour procurer aux détenus une aide matérielle ou un soutien psychologique, mais pour permettre à toute personne, même incarcérée, d’exercer son culte et de bénéficier d’un soutien spirituel. Nous nous sentons pourtant souvent incapables d’apporter un quelconque soutien devant des situations humainement désespérée : que dire à un prisonnier, condamné à perpétuité, qui ressortira au bout de plus de 30 ans, avec l’avenir qu’on devine ? Comment soutenir un détenu rejeté par toute sa famille suite à une affaire de mœurs ? Comment consoler un jeune, auteur d’un incendie criminel qui  a tué une partie de la famille ?

« … mais ce que j’ai et ce que j’aime, oui, je veux vous le donner, oui, je veux vous le partager : Jésus Christ, la miséricorde du Père » : c’est au fond la seule chose que nous pouvons leur apporter ; par nos visites en cellules, par l’animation de groupes bibliques, par la célébration de la messe dominicale, par le témoignage de la présence de chrétiens en prison… nous essayons de partager cette miséricorde de Dieu : au-delà de ce qu’il a commis, tout homme est aimé de Dieu qui a donné en Jésus sa vie pour lui, ce dont l’Eglise doit témoigner.

« Celui qui est devant vous est un homme pardonné » : les aumôniers partagent en effet la condition humaine et pécheresse des détenus, auprès de qui  il ne s’agit pas d’apporter de surplomb une leçon morale, mais de partager l’expérience que nous faisons nous-mêmes : Dieu nous aime au-delà du mal que nous commettons.

« C’est ainsi que je me présente » : l’aumônier de prison ne se présente néanmoins pas tout seul, mais au sein d’une équipe d’aumônerie (à Caen, un prêtre, un diacre et deux laïcs), accompagné des « invités de dimanches » (une équipe de proches de l’aumônerie qui viennent à tour de rôle participer à la messe dominicale) et, pour ma part, soutenu par une communauté de frères prémontrés qui portent eux-aussi cette mission dans leur prière.

Frère Hugues Vermès o.praem.