Accompagner les pères et mères de famille
Depuis trois ans maintenant, je suis conseiller spirituel des AFC de Caen (Les Associations Familiales Catholiques).
Si l’accompagnement au long de l’année consiste à être présent aux réunions du bureau et à prévoir l’ensemble du programme d’activité, il est des moments où sortir de sa table et de sa chaise est une vraie joie.
Non content d’un cycle de conférences sur l’année, partir sur le terrain est un autre enjeu. En effet les AFC organisent tous les ans un pélé des Pères et un pélé des Mères, le premier en juillet le second en octobre. Si les itinéraires avaient pu être les mêmes il y a quelques années, désormais ça change tous les ans, alternant entre rivage, pour aller au Mont Saint Michel, ou bocage pour rejoindre le sanctuaire de Notre Dame de Recouvrance aux Tourailles dans l’Orne, mais les variantes sont nombreuses, et un pélé peut prendre l’itinéraire d’un autre, ou changer de direction, mais attention Normandie oblige.
Tout au long de la marche, sur deux jours, sont aussi dispensés des enseignements pour nourrir la réflexion, habiter le silence et la rencontre avec le Seigneur, voire être l’objet même des discussions entre les pèlerins, aux pauses ou aux étapes. Pendant la marche elle-même, croyez-moi, je ne suis jamais en tête, mais toujours à la traine… pour écouter ceux qui ont besoin d’alléger le sac de leur vie en le confiant à la miséricorde du Seigneur. C’est bien souvent ceux qui n’avaient aucune envie de venir parler et confier qui viennent, comme appelés, poussés par l’Esprit afin de libérer un peu de place dans leur cœur pour avancer avec le Seigneur. De vraies et belles relectures de vie, des hommes et des femmes qui portent leur famille, leur couple, leurs engagements, leurs activités professionnelles avec tant de courage comme chrétiens dans un monde dur et parfois hostile.
La joie d’un pélé, c’est aussi la vie commune, dans toutes ses dimensions, chacun œuvre pour que tous arrivent à bonne fin ou comblent les faims des uns et des autres. Chacun apporte de soi pour qu’un « nous » se constitue, même fugacement, même 48 heures. Cependant on en mesure les fruits tout au long de l’année, quand dans les rencontres impromptues jaillissent les souvenirs de ce qui a été vécu.
Les enseignements sont aussi source d’une grande richesse quand, le propos a pu toucher ou viser juste, pas simple, je ne suis ni père, ni mère, alors il faut creuser sans cesse ces dimensions pour rejoindre chacun et être à la portée de tous. Là aussi, c’est souvent après par un message, un mail, que l’on en mesure la portée, car chaque pèlerin est reparti par un autre chemin dans sa propre vie, guidé par l’une au l’autre idée, l’une ou l’autre phrase, le sens d’une situation qui fait changer un quotidien ou éclaire un passage.
Enfin cette dimension de pèlerinage sera pour moi toujours un mystère, notre vie est pèlerinage au cœur même du mystère de notre foi chrétienne, au cœur des sacrements que je célèbre et qui me dépassent et qui me mènent je ne sais où, mais il en est un qui donne le Chemin, la Vérité et la Vie.