Chanoines réguliers de Prémontré
25
Avr
S. Marc, évangéliste

900 ans d’histoire, un livre

Nous sommes heureux de vous présenter le nouvel ouvrage du f. Dominique-Marie: L’ordre de Prémontré. Neuf cents d’histoireVous pouvez vous le procurer dès à présent auprès de la Librairie Saint-Norbert

4è de couverture:

Né en 1121 à Prémontré, dans une vallée de la forêt de Saint-Gobain, dans l’Aisne, cet ordre de chanoines réguliers, fondé par saint Norbert, allie la vie contemplative communautaire à la vie pastorale active. Son développement considérable dans l’Europe médiévale n’a de comparable que celui de l’ordre cistercien, son contemporain. 

Avec quelque 600 maisons de l’Irlande à la Terre Sainte, en passant par l’Angleterre, la Flandre, l’Espagne, cet ordre canonial, français d’origine, a traversé, non sans périls, la guerre de Cent ans, la réforme luthérienne, la Révolution française, les guerres et les totalitarismes du XXe siècle. 

Sa longue histoire est passionnante, trop méconnue. Pour la première fois, à partir des sources et des archives, elle est racontée ici pour un grand public, comme une aventure.

Cette histoire n’est pas terminée, l’expansion de l’Ordre aujourd’hui dans les cinq continents est un signe encourageant : l’ordre de Prémontré fête en 2021 son neuvième centenaire, le regard tourné vers l’avenir.

F. Dominique-Marie a été interviewé par une revue flamande à l’occasion de la publication de son nouveau livre. Retrouvez ci-dessous cet interview:

Frère Dominique-Marie, qui êtes-vous ?

Je suis né à Paris, en 1961, et après des études classiques, j’ai reçu l’habit de notre Ordre en 1985. Je vis à l’abbaye de Mondaye en Normandie (France), je suis l’archiviste de l’abbaye, et membre de la Commission Historique de l’ordre de Prémontré. Mon travail principal est la liturgie, comme membre du Service National de la Pastorale Liturgique, à la Conférence des Évêques de France, à Paris.

Depuis bien des années, je m’intéresse à l’histoire de l’Ordre, spécialement le XIXsiècle, car ma thèse doctorale, en Sorbonne, en 2000, a porté sur la restauration des sœurs norbertines en France en 1871, par Marie Odiot de la Paillonne. J’ai été passionné par la capacité de notre Ordre, après la tourmente de la Révolution Française, à reprendre vie en Europe, à rouvrir des monastères (comme mon abbaye de Mondaye en 1859), à réunir à nouveau des chapitres généraux. Cette renaissance du XIXè siècle nous permet aujourd’hui de fêter la continuité de 900 ans, une très longue histoire.

Pourquoi un nouveau livre d’histoire de l’Ordre ?

C’est une bonne question, parce qu’il y a déjà beaucoup de publications scientifiques, y compris en langue française ! Nous avons aussi les beaux livres de Bernard Ardura (notamment Prémontrés, histoire et spiritualité, 1995). Et on aurait pu se contenter de traduire l’excellent petit livre du P. Ulrich Leinsle qui vient de paraître en allemand. Mais je crois qu’on avait besoin, pour cette année jubilaire, de toucher un public français plus large, avec une synthèse sérieuse, sur le plan académique, mais conçue comme une grande fresque, presque un grand récit de voyage. C’est difficile, évidemment, à faire, car aujourd’hui les historiens à l’Université ont une spécialité (médiéviste, moderniste, dix-huitiémiste, contemporanéiste !) et ils n’osent jamais sortir de leur spécialité. J’aurais pu penser à faire un ouvrage collectif, avec des spécialistes des différentes périodes, mais je crois qu’un ton, un style, une manière de raconter, ne s’obtient pas avec un « collectif ». Rien ne remplace un vrai auteur, même s’il n’est pas spécialiste de tout ce qu’il raconte. En travaillant un peu, on parvient – j’espère – à ne pas dire des bêtises.

Qu’est-ce qui vous a frappé, en écrivant cette histoire ?

Beaucoup de choses, mais j’en retiendrai deux. D’abord l’expansion merveilleuse de l’Ordre. Prémontré, en 1121, n’est qu’une petite communauté perdue dans une forêt. Cent ans plus tard, c’est un extraordinaire réseau de plusieurs centaines de maisons dans toute l’Europe et jusqu’en Terre Sainte. On a du mal à s’imaginer la ferveur des gens du Moyen âge. Les milliers de frères et sœurs qui ont habité nos monastères, les centaines de donateurs aussi, qui ont permis aux religieux de vivre, n’étaient pas tous parfaits, mais tous étaient portés par une grande foi. L’historien a parfois du mal – à travers les chartes, les nécrologes, les comptes-rendus de chapitres généraux ou de visites canoniques – à percevoir cette ferveur, car les documents historiques témoignent plus souvent des problèmes, des fautes, des disputes, que des bonnes actions. Mais c’est une aventure magnifique, avec des saints, des réformateurs, des humbles à la vie cachée mais fidèle.

Ensuite, je dirais que l’ordre norbertin semble avoir eu beaucoup de mal à maintenir sa cohésion, son unité. Pendant des siècles, la maison-mère française de Prémontré a essayé de maintenir entre les circaries (ou provinces) de l’Ordre une certaine unité, mais il y a eu la distance géographique, l’esprit d’indépendance des maisons, la guerre entre les nations, les jalousies des souverains qui n’aiment pas les ordres internationaux, la paresse aussi parfois. Et les chapitres généraux, ces grandes réunions internationales de supérieurs, ont failli disparaître. Au fond, ce qui a maintenu l’unité au cours des siècles, c’est sûrement les coutumes liturgiques, le répertoire de chant, les usages conventuels, communs à tout l’Ordre. Pour le reste, c’est la diversité : hier et aujourd’hui, les maisons sont très indépendantes, très diverses dans leurs apostolats, leur environnement culturel et ecclésial. Notre lien, c’est l’amitié fraternelle, augustinienne, entre membres de l’Ordre, un sens de la famille. C’est pourquoi notre longue histoire est aussi un ferment d’unité, on doit l’enseigner à nos jeunes frères.

Avez-vous un souhait ?

Oui, mais ce n’est pas d’abord un souhait d’historien. Évidemment, pour l’histoire, il faut continuer à travailler et à étudier, et j’espère que mon livre donnera à d’autres le goût de mieux connaître l’Ordre norbertin, la tradition canoniale, la spiritualité prémontrée. Mais l’important, c’est surtout la qualité de la vie norbertine, et son avenir. La forme de vie norbertine est un équilibre toujours difficile entre la communauté et l’individu, la vie contemplative et la vie pastorale, etc. Mais c’est exactement ce dont l’Eglise a besoin aujourd’hui : des religieux qui prennent leur engagement au sérieux, en vérifiant leur amour de Dieu dans l’amour des frères, et qui ne gardent pas le trésor pour eux, mais mènent une vie apostolique autour de leur monastère. Ce n’est pas très clair encore à l’instant où je le dis, au moins en Europe, mais de nombreux jeunes continueront certainement cette histoire déjà ancienne, sous l’habit de saint Norbert.